lundi 29 avril 2019
Une manifestation nationale le samedi 27 avril à Paris avait été lancée par les Fédérations de la Chimie, du Commerce, et plusieurs UD dont le 13, le 94 et le 59. La Fédération des Services Publics avait rejoint l’appel et l’UD 75, qui appelle tous les samedis depuis le début du mouvement donnait son rendez-vous au même endroit, à Montparnasse. Aucun syndicaliste ne pouvait être contre la plate forme revendicative très basique qui soutenait l’appel. Et nous pouvions partager la critique de l’attentisme de la direction confédérale vis-à-vis du mouvement des Gilets jaunes ainsi que l’appel à la convergence des luttes. Précisons enfin que notre conception du fédéralisme nous permet sans difficulté d’envisager que des structures syndicales décident, dès que c’est nécessaire et possible, d’aller plus loin ou plus vite que la direction confédérale quand elle patauge dans ses contradictions ou dans l’attentisme...
Mais on pouvait aussi légitimement s’interroger sur le tempo : juste avant le 1° Mai et le 52° Congrès, l’initiative visait clairement des objectifs internes, le débat sur la FSM par exemple. (cf : http://www.communisteslibertairescg...).
C’est ainsi que toutes ces structures fédérales et départementales réunies n’ont finalement rassemblé le samedi 27 à Montparnasse qu’un petit millier de militants (la Fédération du Commerce avait pourtant annoncé qu’elle remboursait non seulement le voyage mais la nuit d’hôtel...). Objectivement c’est hélas un échec. Nous aurions vraiment préféré devoir analyser un succès de mobilisation, même si nous ne l’avions pas soutenu !
Cet échec complet de mobilisation est un mauvais coup pour le moral des militants entraînés dans cette manif « nationale ». Un mauvais coup pour toutes celles et ceux qui voudraient voir la confédération plus combative et qui cherchent les moyens d’y parvenir. Mais aussi une démonstration de faiblesse qui nuit à toute la CGT... Mais d’autres problèmes sont posés :
La faiblesse du nombre de militants présents est un échec dans la perspective de peser sur le 52° Congrès. C’est aussi un échec de ceux qui prétendent trop facilement que tout est la faute « de Martinez ». Etre révolutionnaire aujourd’hui c’est accepter de partir du constat qu’il est depuis une décennie difficile de mobiliser dans les entreprises pour un mouvement général. Or en 2010 quand la direction de la CGT nous jouait une journée par mois contre la réforme des retraites, la plupart des contradicteurs d’aujourd’hui n’y voyaient rien à redire... Une bonne partie du malaise pourtant vient de là.
En guise de convergence avec les Gilets jaunes, le cortège structuré par un SO du syndicat des rotativistes parisiens (SIPC) fut une complète absurdité. Le cortège 100% CGT a choisi de défiler en dernier en laissant plusieurs centaines de mètres entre lui et celui des Gilets jaunes, plus massif, plus créatif, plus dynamique et plus sympa par ailleurs...
Plusieurs camarades organisateurs, très sollicités par les médias, ont répétés en boucle que grâce à leur initiative, la convergence CGT/Gilets jaunes était enfin réalisée. Comme s’il suffisait d’une manif pour lever les préventions bien réelles de certains Gilets jaunes. Comme si d’autres structures CGT, UL, UD, syndicats d’entreprises, militants à titre individuels n’avaient jamais commencé le travail de convergence !
Au moins l’UD de Paris qui appelle depuis longtemps à manifester les samedi fusionnait son cortège pour de vrai avec la foule des Gilets jaunes ! Remarquons au passage que, malgré l’appel de l’UD au rendez-vous à Montparnasse, bien peu des militants parisiens habituels ont accepté de participer à l’opération... Un échec qui déchire un peu plus en interne, on avait bien besoin de ça !
Quand au Front Social qu’Info’com nous présentait comme la pointe avancée de la convergence des luttes, son cortège se trouvait un bon kilomètre en avant...
En conclusion, si la violence des attaques sociales et policières contre les travailleurs justifierait pleinement une grève générale, tout militant conséquent est contraint de reconnaître combien il est difficile de redonner confiance en la force de la grève aux collectifs syndicaux comme aux travailleurs. Mener ce travail politique suppose certes de combattre les errements réformistes à tous les étages de la maison, de la direction confédérale aux sections d’entreprises. Mais on ne gagnera ce combat ni par des postures illusoires (qui frôlent dans certains cas l’imposture...) ni par des initiatives brouillonnes, impatientes et finalement échouées.