samedi 2 juin 2018
Nous reprenons ici une dépêche AFP qui se passe de commentaire, tout comme l’illustration trouvée sur un site CFDT :
Le président Emmanuel Macron rencontre le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger avant une réunion sur la réforme du droit du travail à l’Elysée le 23 mai 2017
Par Corinne Lhaïk, publié le 29/05/2018 à 18:39 afp.com/Michel Euler
Il y a quelques jours le chef de l’Etat s’est entretenu avec le secrétaire général de la CFDT. Pour parler du climat social.
La rencontre ne figure à l’agenda d’aucun des deux intéressés : Emmanuel Macron et Laurent Berger se sont récemment entretenus, sans que rien n’ait filtré de leurs échanges. La CFDT confirme ce rendez-vous qui a eu pour objet » le climat social ».
L’existence même de cet entretien est en soi un événement, tant les relations entre le président de la République et le secrétaire général du principal syndicat réformiste n’étaient pas fameuses ces derniers mois. De plus, il coïncide avec la réception de Laurent Berger par le groupe En Marche à l’Assemblée nationale, le 29 mai, à 18h30 : voilà quatre mois que Richard Ferrand, président du groupe des députés REM, réfléchissait à cette initiative, mais le climat n’était pas mûr. « Richard Ferrand n’aurait jamais accueilli Berger s’il pensait que cela pouvait gêner le président ou le Premier ministre », dit un député REM. S’il le fait, c’est qu’il est sûr que l’Elysée ne désapprouve pas.
Des ambitions de transformation sociale
Que le chef de l’Etat se soit entretenu avec le secrétaire général de la CFDT, que ce dernier soit accueilli à l’Assemblée nationale, montrent un réchauffement des relations entre le pouvoir et le syndicat. Dès le début de la candidature d’Emmanuel Macron, elles ont reposé sur un malentendu : Macron estime que les syndicats français, y compris la CFDT, sont trop faibles pour passer des accords au niveau national et réformer la société française. Il veut les cantonner à une fonction de négociateurs dans les entreprises. A l’inverse, la CFDT aspire à un rôle de transformation sociale, elle s’estime dépositaire de l’intérêt général et capable de négocier avec le patronat comme avec l’Etat.
Sous le précédent quinquennat, elle a joué l’interlocuteur privilégié du pouvoir et Laurent Berger entretenait des liens réguliers avec François Hollande. Emmanuel Macron, lui, a vite fait comprendre à la CFDT qu’il n’avait pas besoin d’elle. A un proche qui lui conseillait d’inviter Berger à passer un week-end dans sa maison du Touquet, le candidat à répondu : « Pour quoi faire ? »
« Sous Hollande il valait une Rolex, sous Macron, une Swatch »
Depuis des mois, certains macronistes, sensibles au discours cédétiste, se sont activés pour rapprocher les deux hommes. Laurent Berger, lui, est inquiet de la dégradation de ses relations avec l’Elysée, il souhaite trouver une sortie au conflit de la SNCF, et, ajoute un député REM, « il a envie que nous réussissions, il redoute un terrible chaos en cas d’échec du quinquennat. »
Cela dit, ce réchauffement ne doit pas être surinterprété. Emmanuel Macron n’a certainement pas l’intention de faire de la CFDT son partenaire social préféré et Laurent Berger est en position de faiblesse. Un proche du chef de l’Etat commente : « Je ne suis pas sûr que le patron de la CFDT soit capable de peser lourd dans l’issue du conflit à la SNCF et je ne pense donc pas qu’il puisse vendre très cher son ralliement à la fin de la grève. Sous Hollande, il valait une Rolex, sous Macron, une Swatch. »