samedi 13 mai 2017
Malgré les promesses d’un capitalisme populaire qui devait apaiser la lutte des classes dans la France des Trente Glorieuses, l’adhésion massive aux jeux boursiers ne s’est envolée vraiment que dans les années 80, quand Mitterrand va donner un coup d’accélérateur à l’idéologie libérale avec l’aide de la figure de Bernard Tapie, et avec la revente des entreprises nationalisées en 81.
Le nombre d’actionnaires culmina en 2007 avec plus de 7 millions d’actionnaires individuels. Mais le petit épargnant effrayé par la crise de 2008 a fuit en masse et le nombre d’actionnaires en France est tombé à 3 millions en 2015.
Face à la très grande colère provoquée par les salaires délirants des PDG du CAC 40, le gouvernement Hollande a timidement repris le refrain de la « démocratie actionnariale » en donnant aux AG annuelles un droit de regard sur les rémunérations des dirigeants. L’effet direct de l’interventionnisme des actionnaires est de renforcer la bienveillance du conseil d’administration en faveur des actionnaires qui applaudissent l’envol des dividendes versés mais aussi les manoeuvres visant à faire monter la valeur de l’action. Ainsi les 120 plus grosses capitalisations ont consacrées 14,4 milliards d’euros à racheter leurs propres actions en 2016 ! Autant d’argent qui ne vont ni aux salariés, ni même aux investissements. Le montant des dividendes s’est lui aussi envolé : au début des années 80 les grandes sociétés cotées partageaient les bénéfices en investissant dans le développement de l’entreprise le double des sommes offertes aux actionnaires. C’est aujourd’hui le rapport inverse : les dividendes pèsent le double des investissements ! Non seulement l’actionnaire vole les richesses produites par les travailleurs mais sa gourmandise est telle que l’avenir même de la société n’est pas son soucis... L’unique préoccupation de l’actionnaire sera toujours d’acheter au plus bas pour revendre au plus haut ses actions et entre temps se faire payer des dividendes maximum.
Et les actionnaires savent être redevables aux dirigeants, et pas seulement dans les grands groupes. Les manageurs des entreprises moyennes sont également à la fête ! Les salaires des dirigeants des boites du SBF 120, le CAC 40 des grosses PME, ont augmenté de 20% en 2016 pour une moyenne de 3,5 millions d’euros par an. Avec l’aval de l’AG des actionnaires.