lundi 26 avril 2021
Le vote pour ou contre la création d’un syndicat dans l’entrepôt Amazon dans l’État d’Alabama a fait l’objet de beaucoup d’attention médiatique. A croire que le syndicalisme s’était trouvé soudainement beaucoup d’amis ! La société ciblée n’est évidement pas pour rien dans cet enthousiasme soudain. Multinationale vorace et américaine, tous les nationalistes français peuvent la détester d’autant plus facilement. De plus une telle implantation aurait été une première sur le sol américain pour le géant de la distribution.
Et pourtant l’échec est cruel pour le RWDSU qui espérait s’implanter ici : 738 voix pour et 1798 voix contre et une très importante abstention. L’échec est cruel pour la classe ouvrière, pour les travailleurs noirs très majoritaires sur le site, pour tous les travailleurs américains et pour tous les salariés d’Amazon de la planète Terre.
Quatre leçons à retenir de cet échec :
La contre-offensive patronale combinant paternalisme et autoritarisme est victorieuse : salaire chez Amazon très supérieur au salaire minimum de l’État d’Alabama et menace de fermeture de l’établissement ont pesé lourd. Chantage contre conscience de classe, les travailleurs ont plié.
Le soutien politique de la gauche du Parti Démocrate avec la venue de Bernie Sanders et même les mots du Président Biden ont été impuissants à donner confiance : les travailleurs n’attendent plus rien de cette « gauche » là.
La faible confiance des salariés dans le syndicalisme américain s’explique. La combativité initiale des IWW qui valait bien celle des fondateurs de notre CGT a été écrasée par la répression policière et les assassinats menés par les agences de « détectives » privés, en fait des milices patronales. L’institutionnalisation et la bureaucratisation du syndicalisme a conduit à son intégration quasi totale au service de l’impérialisme américain. En échange des miettes consenties aux salariés des grands groupes par les multinationales US, l’AFL-CIO est progressivement devenue une arme à partir de la Guerre Froide contre tout le syndicalisme révolutionnaire. Enfin, de nombreux scandales de corruption, quand il ne s’agissait pas purement et simplement de main mise par des réseaux maffieux sur les directions syndicales, ont achevé de jeté un discrédit tenace contre les syndicats.
Quant à ceux qui annonçaient un rebond syndical à partir de l’élan du profond mouvement anti-raciste « Black Lives Matter », ils en sont, hélas, pour leurs frais. A force de mélanger les concepts de discrimination, d’oppression et d’exploitation ils ne sont plus capables de distinguer les enjeux différents des luttes de genre, de race et de classe. Or si toutes ces luttes se tiennent entre elles, c’est bien autour du concept de classe, de lutte des classes qu’il faut articuler celles contre toutes les discriminations. Faute de quoi les plus grandes mobilisations féministes ou anti-racistes ne produisent aucun effet dans le combat entre la classe capitaliste et la classe ouvrière.
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