lundi 14 novembre 2022
A l’approche du 53° congrès de la CGT, il est à craindre que les rivalités et ambitions prennent le pas sur l’actualité sociale : réforme de l’assurance chômage, inflation/salaires et réforme des retraites.
La réforme de l’assurance chômage, durcie par la droite au Sénat, vise à deux objectifs : baisser globalement les prestations et faire pression pour que les travailleurs acceptent n’importe quel CDI mal payé et/ou ultra-contraignant. Il s’agit clairement d’une offensive pour augmenter l’exploitation capitaliste en intensité.
Le retour d’une inflation importante souligne l’urgence pour la CGT de rétablir son propre indice des prix. En effet, comment croire que l’inflation officielle tourne autour de 6% quand les prix des aliments et de l’énergie s’envolent très au delà de 10% ? Mais le CCN doit aussi tirer un bilan clair de la récente période. Car si des luttes très courageuses ont été engagées ici et là, notamment dans les raffineries, force est de tirer, hélas, un bilan d’échec des journées à répétition. Il était pourtant évident depuis le demi-succès de la journée d’action de septembre, préparée de longue date, que notre classe n’était pas prête à engager un bras de fer général sur les salaires. S’il était encore possible d’espérer une augmentation des grèves dans le sillage des raffineries, l’échec de la première journée aurait du nous épargner l’échec encore plus net de la seconde. Il est d’ailleurs assez curieux de constater qu’un certain gauchisme ultra-volontariste en vogue dans des structures de Solidaires trouve écho dans des structures CGT animées par des post-staliniens... D’autant qu’il y a fort à parier que ces mêmes post-staliniens nostalgiques seraient les premiers à nous expliquer « qu’il faut savoir cesser une grève » si jamais elle se généralisait pour de bon...
Sauf dans la fonction publique où le point d’indice est naturellement unificateur, il faut bien comprendre que dans le privé tout est question d’une temporalité propre à une entreprise, un groupe, une convention collective... Et qu’il est donc fort peu probable qu’un mouvement d’ensemble conséquent sur les salaires survienne d’un appel confédéral. Il conviendrait donc d’être capables de construire à ces différents niveaux (atelier, entreprise, groupe, branche) des mouvements coordonnés avant d’imaginer une journée nationale réussie. Or on est loin, malheureusement, d’avoir construit à l’échelle de proximité dont le premier barreau serait une grève à l’occasion des NAO dans les entreprises.
Plutôt que des appels incantatoires sur les salaires, c’est sur les retraites que le CCN doit travailler à un agenda clair, sur des revendications claires dans l’unité syndicale la plus large possible. De toute évidence c’est durant l’hiver que Macron veut passer en force tout à la fois un allongement du nombre de trimestres et un recul de l’âge de départ. Il y a donc urgence à bâtir un argumentaire grand public et un calendrier de mobilisation partagé.