dimanche 8 octobre 2017
Nous publions ici la position de différentes organisations libertaires réunies autour de la CGT-Espagnole en Catalogne pour enrichir le débat :
NOUS CHOISISSONS DE LUTTER
Nous, syndicats, organisations et collectifs signataires voulons communiquer aux travailleurs et travailleuses et à l’ensemble des classes populaires notre position face aux différents événements qui se produisent actuellement dans les rues de nos villes et villages.
Depuis quelques années, nous avons vu comment l’escalade des tensions d’un conflit, déjà ancien, a été exploitée pour rogner les droits fondamentaux de la population.
Nous venons d’une tradition syndicale et politique qui, historiquement, a défendu les droits et les libertés de la classe opprimée et qui s’est emparée des rues quand il a fallu lutter pour arracher au pouvoir tout ce qui nous permet d’être les acteurs de notre présent et de notre futur.
Comme libertaires et comme part active du mouvement syndical, populaire et associatif de Catalogne, nous défendons toujours le droit à l’autodétermination des peuples – en commençant par le nôtre – que nous entendons comme un principe de base du confédéralisme, afin de rendre possible la coexistence humaine dans un régime d’égalité. Il est clair pour nous qu’aucune émancipation ne sera possible sans l’étape préalable d’élimination de la structure qui soutient l’inégalité, le capitalisme.
Tant qu’il n’en sera pas ainsi, les conditions de vie de la classe laborieuse continueront d’être écrasées par une oligarchie espagnole et catalane qui, au coude à coude, impose contreréformes du travail et réductions des droits sociaux. Ceci dit, nous voulons dénoncer la militarisation et la répression que nous impose l’État espagnol qui, montrant sa face la plus brutale et autoritaire, veut imposer sa volonté jusqu’aux ultimes conséquences.
Nous avons toujours été contre ceux qui ont voulu militariser la Catalogne – et quelque autre territoire que ce soit – pour s’opposer aux grandes revendications populaires ou à tout désir d’émancipation sociale. Nous nous opposons à la répression de l’État parce que nous l’avons subie de manière systématique et continue dans nos propres corps, dans la rue et dans les entreprises. C’est pour cela que nous voulons dénoncer aussi la nature répressive de la Généralité de Catalogne elle-même qui, ces dernières années, a poursuivi, cogné, arrêté et emprisonné toutes celles qui n’ont pas détourné le regard quand les droits civils et humains du peuple étaient piétinés.
Nous n’oublions pas comment les Mossos d’esquadra [police de Catalogne] nous délogeaient de la place de Catalogne, portaient plainte et emprisonnaient des syndicalistes, nous poursuivaient pour avoir participé à la mobilisation qui cernait le Parlament [Parlement de Catalogne] quand on y rognait nos droits sociaux, qu’au moyen de macro-déploiements policiers, ils nous arrêtaient et emprisonnaient, comme dans les récentes opérations Pandora [vaste rafle policière dans les milieux libertaires], ou même tuaient et mutilaient [référence notamment à une interpellation « qui a mal tourné » dans le quartier du Raval à Barcelone].
Ainsi donc, nous ne permettrons pas que quiconque nous prenne ce qui nous appartient, quel que soit son drapeau. Pour nous, l’autodétermination et l’émancipation de nos villages et de nos villes ne peut se circonscrire à un cadre territorial déterminé. La liberté collective ne sera possible que par l’action décidée du peuple et des travailleuses face à un État et des élites politiques qui maintiennent des structures antisociales, hétéropatriarcales et oppressives, également défendues par certains secteurs de ce que l’on appelle souverainisme catalan.
L’autodétermination et l’émancipation ne seront possibles qu’au travers de l’action insoumise des opprimées, qui englobe la défense et l’amélioration de leurs conditions matérielles de vie. La socialisation des moyens de production et de la richesse ; l’élimination de toutes les formes Sans doute pour contourner l’embrouillamini graphique de l’expression genrée, ce texte subvertit la grammaire officielle : priorité au féminin. d’oppression, comme l’hétéropatriarcat et ses différentes structures de pouvoir, aussi bien explicites qu’implicites ; la plus large liberté de décision et participation au travers de l’action directe et l’autogestion : c’est cela qui nous rendra réellement libres.
Ainsi donc, nous pensons que c’est le peuple, constitué comme sujet politique et de classe, qui doit servir de base pour n’importe quel changement social important et, par conséquent, nous nous réjouissons du développement des organisations populaires de base pour pratiquer la désobéissance et faire face au contexte autoritaire existant. Nous voulons que cette attitude de désobéissance et d’affrontement à l’autorité dépasse la situation actuelle et s’oriente contre toutes les injustices auxquelles nous sommes soumises.
Pour toutes ces raisons, nous appelons les travailleuses de Catalogne à participer aux mobilisations en défense de nos droits et libertés et, de manière très spéciale, à participer de manière massive à la grève générale convoquée pour le 3 octobre. Parce que l’esprit combatif qui parcourt ce lieu de la Terre ne pliera pas si facilement, parce que nous sommes classe travailleuse et voulons décider de tout, c’est l’heure de sortir dans la rue, c’est l’heure de lutter.