mercredi 15 mai 2019
Alors que la journée devait rester plutôt terne, des militants de l’union syndicale de la Ville de Paris accueillaient les congressistes avec un bonbon et un flash code renvoyant à un petit clip contre le sexisme. Une initiative directement connectée aux tensions internes des différentes structures CGT des territoriaux parisiens.
Un court rapport d’activité pointait entre autres sujets la difficulté de mobiliser tous nos militants durant la bataille contre la loi Travail, et les difficultés à construire les convergences entre dates « saute-mouton » et initiatives professionnelles. Le débat s’est ensuite partagé entre deux voies : celles et ceux qui débattaient de l’activité confédérale passée, le plus souvent critiques ; et celles et ceux qui évoquaient les batailles en cours dans leurs secteurs. La toute première intervention, une camarade des hôpitaux de Paris réussissant un rare exemple, en quatre minutes, de tenir les deux bouts ensembles. Comparant l’extension progressive de la grève en cours depuis son début dans un seul service d’urgence, à la manière dont s’est construit la mobilisation des Gilets jaunes, elle annonçait assez justement que la période pleine de colère sociale était propice à des explosions partant d’en bas et qu’il ne fallait pas les prendre « avec des pincettes » pour que la CGT reste dans la course.
Beaucoup d’interventions, applaudies, sont venues critiquer de manière diverses l’impuissance de la CGT à lancer la grève générale qu’il nous fallait, et qu’il faudrait encore face aux attaques patronales et gouvernementales. Applaudies mais sans soulever les congressistes, comme si beaucoup mesuraient que le dire plus clairement, y travailler plus fermement est nécessaire mais que le réaliser concrètement dans sa propre entreprise n’était pas si facile.
Quelques interventions aussi pour demander la rédaction d’un appel du congrès, non prévu cette année. Il faut dire que la rédaction de l’appel du congrès est toujours l’occasion de débats tendus... D’autres pour demander des précisions sur l’engagement de la confédération à défendre le statut des fonctionnaires et des régimes particuliers de retraite. Remarquée également l’abstention annoncée de la fédération des Ports et Docks qui s’est fait applaudir pour la réaction de la section du Havre qui n’a pas chargé le bateau d’armes pour l’Arabie saoudite.
Enfin la direction confédérale s’est défaussée d’une analyse du mouvement des Gilets jaunes arguant de la rédaction des documents de congrès bouclée en novembre dernier : un peu court alors que le sujet a été plusieurs fois abordé par les délégués, en positif. Au final le rapport d’activité est adopté dans des proportions quasi identiques à celles du 51° Congrès : 71% pour,29% contre et 15% d’abstention. Mais à Marseille c’était aussi le bilan de Le Paon qui alimentait le mécontentement. Il est donc raisonnable de penser qu’un socle politique de camarades qui voudraient une orientation générale plus combative cristallise un tiers des mandats tout de même.
L’après-midi la séance s’ouvre sur l’adoption de deux motions de solidarité : L’une contre les ventes d’armes utilisées au Yémen, l’autre pour des pompiers blessés qui ne parviennent pas à faire reconnaitre leur accident du travail.
Puis viennent les rapports financiers. David Duguet, administrateur confédéral, mène une charge directe contre la rétention de cotisations (ce qui laisse à penser qu’elle est massive...) et pour la mutualisation des moyens : locaux, médias, patrimoines des différentes structures CGT. Un très court débat par manque d’inscrits s’ensuivit. Puis il est demandé aux congressistes de lever le poing pour une photo solidarité avec les lycéens de Mantes la Jolie. Quelques congressistes y ajoute un « Castaner démission » repris sans conviction excessive. Une journée assez terne disions nous d’entrée de jeu...
En fin d’après-midi démarrait le débat sur les documents d’orientation, la commission annonçant que 50% des amendements déposés avaient été retenus ; et que l’ensemble du document serait ré-écrit en écriture inclusive. 239 syndicats avaient déposés 2 819 amendements. Les intervenants se succèdent alors pour insister sur l’importance que la CGT soit plus présente dans les mobilisations écologistes ou féministes. Une camarade assistante maternelle et un camarade de l’UL de Tourcoing décrivent comment la CGT s’est renforcée dans leurs secteurs respectifs en intégrant les mobilisations des Gilets roses et des Gilets jaunes ce qui montre l’importance de savoir sortir du train-train quotidien. La déléguée de la SCOPTI, à 18 heures réveille enfin le congrès avec une intervention émouvante mêlant le combat pour sauver l’entreprise et la solidarité avec le peuple palestinien. Un ultime orateur dans une intervention enlevée critique vertement la CFDT et y gagne des applaudissements soutenus. Le président de séance (Brun, secrétaire général des Cheminots) tente alors de le recadrer au nom de l’unité et se fait copieusement siffler par la salle ! Une journée plutôt morne en somme qui se termine étrangement...