samedi 18 mai 2019
La séance s’ouvre sur l’annonce des résultats de l’élection de la CEC et celle de la CFC. Une moyenne globale annoncée de 89% pour la liste ce qui cache bien sûr quelques disparités... Mais les résultats de chaque candidat ne sont pas annoncés. Avec cette brutalité très particulière dont la bureaucratie CGT est capable, ni les scores ni les noms des 4 camarades présentés en plus de la liste officielle ne sont évoqués... Même par pure hypocrisie, ils méritaient pourtant bien un mot fraternel.
En y réfléchissant il y a là un truc fort de la culture CGT : toute la semaine les congressistes ont, parfois bruyamment, manifesté leurs désaccords politiques et ont fait preuve d’écoute à l’égard des délégués portant des critiques ou propositions alternatives. Mais lors de l’ultime séance où s’est jouée l’élection à la CEC, la salle semblait soudainement de plus en plus légitimiste, hostile à celles et ceux qui défendaient l’ajout à la liste officielle, d’autant que les orateurs tournaient en boucle les mêmes arguments.
C’est lors d’une réunion du CCN que sont élus les membres du bureau confédéral ainsi que l’administrateur confédéral et le secrétaire général parmi les élus à la CEC. Ils sont tous ovationnés par la salle ce qui parait un peu surréaliste après la violence des débats de la semaine ! Comme si après s’être défoulé le corps militant s’inquiétait pour l’unité de la CGT autour de ses dirigeants.
Dans le même élan enthousiaste l’appel du congrès est adopté à la quasi unanimité et sans débat ! Il est vrai qu’il a été profondément amendé vers plus de radicalité intégrant même des options qui avaient été rejetées par le bureau de congrès lors du vote des amendements au document d’orientation !!!
Martinez apparait alors, souriant et détendu (oui c’est rare et ce n’est pas un jugement de valeur, juste une observation) pour un discours de clôture assez surprenant. Comme s’il lui fallait adoucir l’image d’un dirigeant rugueux voir brutal (et là oui il y a un jugement de valeur) il passe un temps considérable à remercier tour à tour l’ensemble des « petites mains du congrès ». Il prend aussi le temps de rappeler que, contrairement aux bêtises entendues dans les médias, les camarades qui assurent sa protection ne sont pas des vigiles mais des militants. Comme pour l’appel, des éléments qui avaient été combattus par la direction durant les débats surgissent : Les Gilets jaunes ont les mêmes revendications que la CGT, les mêmes méthodes (la lutte) et une mesure d’amnistie générale est exigée (alors que l’appel initial n’en parlait pas et que même la version amendée demande plus prudemment l’annulation des sanctions). Et d’annoncer qu’il a rendez-vous dans l’après-midi avec la secrétaire de l’UD et les Gilets jaunes de Dijon. Mieux vaut tard que jamais diront certains mais l’évolution est assez extraordinaire !
Le vieux mouvement ouvrier connait trop bien l’adage : un congrès se gagne à gauche. Alors nous verrons prochainement jusqu’où la résistance des syndicats à la cfdtisation, manifestée et partiellement enregistrée lors du congrès, va pousser la direction à durcir le ton. Mais alors que toute la presse bourgeoise militait pour que la CGT adopte une ligne plus conciliante, sa radicalité étant supposée être la cause de ses difficultés électorales, le moins qu’on puisse dire c’est que ce congrès est un échec pour l’aile droite de la confédération qui est d’ailleurs restée à peu près muette. Si le contenu de classe du syndicalisme auquel les délégués ont montré leur attachement reste souvent flou, les syndicats ont affiché globalement un désir de radicalité qu’il sera difficile d’ignorer.
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