samedi 21 mai 2016
La Filpac connait depuis des années une crise larvée qui paralysait en partie son activité. La défiance entre syndicats parisiens, les plus gros du pays, aboutissait à un éclatement en deux branches :
d’un côté le maintien d’une structure dite du Comité Inter avec le syndicat des Correcteurs, la scission des rotativistes de presse quotidienne qui quittaient le Syndicat Général pour fonder leur syndicat le SIP, la sécession de la section routage (REC qui devait se dissoudre rapidement), la transformation de la Chambre Typographique en Info’com qui entrait en concurrence directe avec les journalistes du SNJ-CGT.
de l’autre côté le Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE) qui regroupait encore plus de 2 000 adhérents dans le secteur Labeur, la distribution (Presstalis et SAD), les départs et la maintenance de presse quotidienne, un secteur employé important et les entreprises de routage qui n’avaient pas suivis les secrétaires dans la sécession. Le SGLCE entretient d’excellentes relation avec le SNJ-CGT.
Alors que le premier pôle dirigeait la Fédération, le SGLCE se retrouvait en opposition forte avec la fédération. La divergence, sur plusieurs dossiers professionnels, avait pris un tour plus dur en 2010 quand le SGLCE arrêtait la presse nationale à chaque journée d’action pour les retraites contre l’avis du pôle fédéral qui traitait alors les grévistes d’aventuriers...
Le dernier congrès à l’automne semblait avoir apaisé les tensions. Mais c’est finalement le bloc fédéral qui a implosé de lui-même, certains secteurs refusant de laisser la communication fédérale, sur une ligne très gauche, aux mains d’un seul militant par ailleurs dépourvu de mandat électif. Communication très gauche qui ne convenait pas aux secteurs les moins combatifs, mais pas plus qu’aux secteurs combatifs (dans le papier-carton entre autre) car ne reposant sur aucune réalité pratique...
Mis en minorité à la direction fédérale à l’occasion d’un appel à rejoindre « Nuit Debout » (lancé par Info’com, le SIP et le syndicat de Bordeaux) le secrétaire fédéral, issu d’Info’com, a mis sa démission sur la table. Comme dans l’affaire de la communication fédérale, le texte en lui-même n’était pas inintéressant, mais en décalage total avec les pratiques réelles. D’ailleurs, alors qu’Info’com avait programmé un rendez-vous avec Nuit Debout dans une imprimerie à La Courneuve, les rotativistes du SIP ont finalement refusé d’accueillir Nuit Debout, plaçant même un SO à l’entrée de l’imprimerie au cas où !!!
Reste à savoir quelle direction fédérale va émerger de cette situation, complexe. Et sur quelle orientation syndicale. La priorité étant, de toute évidence, de créer les conditions d’un retour à un travail commun de toutes les parties.
En attendant, la situation syndicale parisienne vient de connaitre un petit évènement avec une vraie portée symbolique : le Syndicat des Correcteurs, très affaibli par la quasi élimination du métier en presse, fait le choix lors de son AG ce jour d’intégrer le Syndicat Général du Livre. Créer en 1881 et longtemps dirigé par des libertaires prestigieux, il poursuivra son travail dans le cadre d’une section du SGLCE. Un rapprochement qui devrait être mutuellement avantageux.