Communistes libertaires de la CGT

Maryline Poulain se met en retrait

jeudi 7 juillet 2022

Nous publions ici le courrier posté sur Facebook qui explique les raisons de son retrait de ses responsabilités syndicales. Son action et sa réflexion auront été décisives pour faire avancer la CGT dans la lutte pour les Sans-Papiers. Il faut respecter son choix personnel et son besoin de prendre un peu de distance avec les combats quotidiens. Mais c’est une bien triste nouvelle pour celles et ceux qui se battent pour une CGT démocratique, féministe et combative.

J’ai décidé ces derniers jours de quitter mes responsabilités à la CGT.
C’est une décision difficile que j’ai pris le temps de mûrir.
Elle me trotte dans la tête depuis 2 ans et demi.
Il m’a fallu ce long temps de réflexion pour prendre du recul sur mon engagement syndical, un engagement profond et sincère mais abîmé par différents évènements.
14 ans d’engagement au quotidien dans la CGT avec les travailleurs migrants, des victoires revendicatives, juridiques, des combats magnifiques que je suis heureuse d’avoir accompagnés avec mes chers camarades avec ou sans-papiers.
La reconnaissance de la traite des êtres humains dans le milieu du travail, de la discrimination systémique dans le BTP, des grèves coordonnées toujours victorieuses…
Par cela et avec d’autres, j’ai contribué à l’égalité des droits entre travailleurs. J’en suis extrêmement fière.
Mais pourtant une usure certaine face à la precarisation incessante des droits des travailleurs étrangers et la sensation de se battre sans fin contre les moulins à vent…
Un épuisement avec le cumul des mandats et des responsabilités départementales et nationales.
Le besoin de dépersonnaliser et de passer le relais à d’autres camarades…
Un sentiment de décalage aussi avec une partie de mon organisation de plus en plus repliée sur elle-même et enfermée dans des postures.
Je repense à ce dernier congrès de mon Union Départementale en janvier 2020 où une partie des syndicats parisiens s’est opposée à la parité femmes-hommes dans nos instances de direction.
Je repense à ce moment du congrès où j’ai rapporté en tant que présidente les décisions de la commission des candidatures.
Je repense à ce moment où j’ai tenté de lire, ma voix couverte par les huées et les insultes, que la cellule de veille confédérale sur les violences sexistes et sexuelles nous alertait sur le climat de violences sexistes et sexuelles répétées qui régnait dans un syndicat de la ville de Paris et la responsabilité de son secrétaire général dans la persistance de ce climat.
Je repense à la violence de ces huées venant de camarades avec lesquels j’avais pourtant aimé militer.
Je repense à celle et ceux qui m’ont ensuite dit que j’allais devoir assumer d’avoir lu ces quelques mots.
Se sentir en milieu hostile dans sa propre organisation…
Je pense à ces centaines de militantes et militants de la Ville de Paris, qui ont ensuite quitté la CGT face à ce climat autoritaire et sexiste, ces camarades qui ont été méprisés par leur fédération.
J’ai voulu les suivre à ce moment-là.
Le Covid, le confinement sont advenus et m’ont anesthésiée…
J’ai vécu ces moments tristes et violents comme un terrible échec de notre organisation.
Je garde un goût profondément amer. Comment rester dans l’organisation avec cette amertume ? Peut-on cicatriser ? L’amertume nous rend-elle pas con et aigri ?
Les luttes à venir, les militants que j’aime, mes chers camarades du bureau de l’UD, m’ont retenue jusqu’à aujourd’hui mais je me suis véritablement demandée le jour de ce congrès départemental dans quelle organisation j’étais…
Était-ce celle dans laquelle j’avais pris plaisir à militer ?
Je m’interroge depuis plusieurs mois sur l’état de notre CGT, son état de division, les symptômes de la maladie qui la ronge.
Je pense à la place des responsables femmes dans notre syndicat, au paternalisme de certains militants lors des grèves que j’ai coordonnées, à ceux qui n’ont eu de cesse de m’attendre au tournant, la remise en cause insidieuse, jamais frontale, de notre légitimité de dirigeantes par certains d’entre eux...
Je pense aussi à cette autre grande question cruciale qu’est la démocratie.
Comment la faire mieux vivre ?
Quelle capacité à construire collectivement des mobilisations, à prendre ensemble des décisions ?
Quelle culture du débat ?
Quelle capacité à faire vivre les différences de points de vue et de modalités d’action dans une organisation, tout en se respectant les uns et les autres ?
Autant de constats et de questions qui me poussent aujourd’hui à quitter mes mandats.
J’ai besoin de reprendre possession de ma vie, de prendre du recul, de réfléchir, d’écrire et de respirer.

Débats du 53° congrès

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