lundi 23 janvier 2017
Inconditionnellement PCF ?
Mercredi 18 janvier 2017, les syndiquées et sympathisants de l’union locale CGT de Seclin ont reçu le compte rendu de la dernière réunion de la commission exécutive. On peut y lire notamment : « 7) Point sur la rencontre avec le PCF (Parti communiste français) de Seclin concernant les élections prévues en 2017. Il a été décidé que Jean-Paul peut appeler à voter en tant que secrétaire général de notre union locale pour la candidate présentée par le Parti communiste français pour les élections législatives de 2017. Pour la présidentielle, il a été décidé d’attendre que l’on connaisse l’ensemble des candidats de « Gauche ». Nous en rediscuterons lors de prochaines CE. »
Resituons le contexte. Seclin est un des derniers bastions communistes du Nord. Le PCF y a toujours eu et a encore une présence historique implantée, connue et même reconnue de l’ensemble du milieu militant, surtout à l’union locale, ouverte toute la semaine, le matin et l’après-midi. On peut voir dans les locaux de l’union locale différentes effigies du Che sur des affiches comme sur des tee-shirts de militants. On y entend souvent les militants faire valoir leur rejet des syndicalistes « réformistes », raconter de belles anecdotes d’actions menées ici et là. Ici, l’attachement de beaucoup de militants au PCF est resté intact. Le PCF le rend d’ailleurs bien au niveau municipal en fournissant beaucoup de moyens. C’est donc sans surprise qu’on accueille un tel appel au vote. Pas de quoi crier au loup, à la courroie de transmission d’un parti qui met la main sur l’organisation. Il s’agit sans doute d’une volonté de la minorité agissante locale, et non d’un ordre reçu du parti.
Pourtant, nous savons que ce genre d’appel, donné sans explication et sans rappel du contexte, peut susciter un mouvement d’opposition interne ou des désaffiliations, qui peuvent d’ailleurs aussi bien venir de militants CGT issues d’autres sensibilités politiques que de ceux attachés à la neutralité électorale. Le plus dommageable, et espérons que cela sera réparé dans les prochaines semaines, c’est qu’aucune explication n’ait été fournie sur cette préférence électorale affichée. Que l’on ne soit pas d’accord avec la stratégie électorale est une chose, le soutien sans condition ni explication en est une autre. C’est le rôle du syndicat aussi de former les syndiqués, et les travailleurs en général, à la politique. C’est son rôle de décrypter les messages, les programmes, d’identifier les intérêts matériels et moraux. A défaut d’établir une préférence électorale, établir une critique détaillée des ennemis politiques à ne pas voter pour est plus que louable comme initiative. Elle semble bien plus souhaitable.
Reste que si la CE de l’union locale aurait pu a minima justifier son choix, le choix en lui-même peut légitimement nous interroger sur la garantie de la nécessaire indépendance et autonomie syndicales. La vie syndicale n’est pas faite que de consensus. Les militants, à court, moyen et long termes, jugeront si ce choix était judicieux ou non. Car certains gardent un mauvais souvenir des ministres communistes qui participèrent au gouvernement Jospin, à sa politique d’« ouverture du capital » des grandes entreprises et des infrastructures nationales, ou de flexibilisation des 35 heures.