samedi 17 mars 2018
L’annonce par la CGT, rejointe par la CFDT et l’UNSA n’aura pas surpris nos lecteurs puisque l’info courait déjà depuis quelques jours. C’est le retour de la grève presse-bouton : les dirigeants syndicaux décident et les travailleurs obéissent... Mais ça ne marche plus comme ça !
Dans une entreprise de la taille de la SNCF, devant l’éparpillement des forces syndicales et les crispations qui vont avec, la méthode proposée est vouée à l’échec.
La direction de la fédération a visiblement peur d’être débordée par les grévistes et cherche à garder le contrôle sur le mouvement. Son objectif c’est de maintenir une pression suffisante pour négocier des arrangements à la marge. Ce défaitisme, ce pessimisme ne sont pas dignes d’une direction fédérale à la veille d’une bataille décisive. C’est au contraire dans les traditions d’AG unitaires par gares, par secteurs qu’il faut puiser l’énergie nécessaire à construire un mouvement à la hauteur des attaques. Donner confiance aux cheminot.es c’est d’abord leur confier la direction de leur grève.
Dans la CGT et parmi les salariés ce choix tactique est heureusement fortement contesté. Car le conflit qui vient dépasse largement la question du « statut des cheminots » et tout le monde en est conscient. Briser l’austérité et redonner les moyens pour des services publics de qualité, tel est l’enjeu. Il est déjà suffisamment élevé pour que les cheminots soient légitimement dans le doute au moment d’affronter le gouvernement. Ils ont besoin de se faire confiance et de créer la convergence la plus forte possible.
Dans la convergence la plus large possible, il s’agit bien d’une occasion, après nos échecs de 2016/2017, de stopper Macron et l’offensive libérale qui déferle. Pas les cheminots tous seuls bien sûr, mais dans la convergence avec les cheminots. Pour que les cheminots puissent jouer le rôle de locomotive (et même si certains sont fatigués d’avoir à tenir ce poste) ils ne peuvent pas être au travail 3 jours par semaine.
C’est pourquoi après avoir réussi la manif nationale du 22 à Paris, il faut préparer démocratiquement et dans l’unité la plus large les AG locales qui décideront, ou non, de partir en grève reconductible. Seules les AG de grévistes pourront dépasser les rancunes entre syndicats. A l’aube d’une telle bataille, il ne s’agit pas d’oublier les coups bas et les trahisons des uns ou des autres mais il serait mortel d’en faire des préalables.
Une grève longue ne garantie ni la victoire ni l’élargissement à d’autres salariés et la convergence de toutes les résistances. Mais c’est la seule solution qui peut nous faire gagner.
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