lundi 7 mars 2016
Nous publions ici deux déclarations de la fédération de la Métallurgie qui dénonce la répression des travailleurs d’une usine Renault implantée en Turquie. Une excellente déclaration qui appellerait des actes concrets de solidarité : débrayages dans les usines du groupe Renault, filtrage des pièces en partance vers l’usine turque, boycott des pièces ou véhicules arrivant de celle-ci, collecte de solidarité avec les licenciés... :
Communiqué de presse
De la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie CGT et
de la coordination des Syndicats CGT Renault
Depuis lundi 29 février 2016, l’usine de Oyak-Renault en Turquie connaît de nouveau
les licenciements arbitraires, la violence policière, les gardes à vue, les intimidations
pour contraindre des salariés à quitter Renault.
Main dans la main, les forces de police et la direction d’Oyak-Renault en Turquie se
déchainent et piétinent les droits les plus élémentaires ; le droit d’expression, le droit
de revendiquer, le droit de se syndiquer au syndicat de son choix...
Depuis des années, de nombreux salariés d’Oyak-Renault sont l’objet de répression
syndicale (menaces, sanctions, licenciements...) dès lors où ils contestent les conditions sociales particulièrement dégradées et revendiquent des améliorations notables.
Depuis des années, les salariés remettent en cause la légitimité du syndicat Turk Metal, syndicat proche du gouvernement Erdogan et pro-patronal au service de la direction Renault. Déjà en novembre 2012, des mouvements des travailleurs d’Oyak Renault avaient eu lieu afin de réclamer le départ de l’organisation Turk Metal. Ce mouvement s’était traduit par l’intervention de la Police et le licenciement injustifié de 36 travailleurs pour lequel le groupe Renault a été condamné par la justice Turque. La CGT avait alors interpellé la direction du groupe, condamné ces agissements et témoigné à plusieurs reprises de son soutien aux travailleurs de Bursa.
Au mois de mai dernier, des mouvements de grèves historiques ont été menés dans les entreprises de la métallurgie en Turquie contre le syndicat Turk Metal et sa politique de collusion avec le patronat Turque. L’usine Oyak Renault a été très fortement touchée et les travailleurs se sont massivement désaffiliés du syndicat jusqu’alors unique. 8 portes paroles des salariés ont été désignés et reconnus par la direction du groupe comme interlocuteurs afin d’enfreindre les dispositions de l’accord cadre international de responsabilité sociale, sociétale et environnementale entre le groupe Renault, le comité de Groupe Renault et la Fédération syndicale internationale IndustriAll Global Union signé le 2 juillet 2013. Celui-ci engage l’entreprise sur l’application des conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur la liberté syndicale, la protection du droit syndical, le droit
d’organisation et négociation collective.
Depuis lors, les travailleurs d’Oyak ont décidé de rejoindre massivement le syndicat
indépendant Birlesik Metal-Is qui a obtenu, dès l’automne dernier, la majorité des adhérents dans l’usine. Afin de reconnaitre cette nouvelle situation, les salariés et le syndicat ont demandé à la direction du groupe Renault l’organisation d’élections qui permettraient aux travailleurs de désigner des représentants, interlocuteurs de la direction locale.
Communiqué de presse
De la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie CGT et de la Coordination
des Syndicats CGT Renault
Le 4 février dernier, un accord a été conclu entre IndustriAll Global Union, son affilié turc Birlesik Metal-Is représentant la grande majorité des travailleurs et travailleuses à l’usine Oyak, et la direction de Renault, les salariés de l’usine devaient organiser des élections sur la représentation ouvrière le 29 février. L’accord portait sur la composition et les fonctions d’un Comité de dialogue social, résultat des discussions sur la représentation des salariés et le droit d’organiser des élections.
Les élections prévues ont été annulées quelques jours avant la tenue de celles-ci au
prétexte de pressions reçues du gouvernement Erdogan qui auraient considéré ces
élections comme illégales. De peur du mécontentement des travailleurs d’Oyak, l’usine a été fermée le 29 février. Profitant de la situation, 10 salariés, dont 2 portes paroles, tous membres de Birlesik Metal-Is, ont été licenciés.
Le 1er mars, les salariés ayant repris leur travail ont décidé de manifester leur
mécontentement et leur soutien aux travailleurs licenciés. La Police Turque est alors
intervenue de manière violente pour réprimer la contestation. 24 personnes ont été
interpellées et sont désormais poursuivies et encourent des peines de prison.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, 60 travailleurs ont été licenciés, 100 mis à pieds et convoqués individuellement par la direction locale afin soit de donner leur démission et partir avec un chèque, soit être licenciés avec le minimum. Au total, près de 200 salariés d’Oyak ont été licenciés ou sont sur le point de l’être.
Les camarades turques de l’usine nous témoignent de leur peur.
La CGT a soutenu depuis le début le processus démocratique entrepris à la demande des travailleurs d’Oyak Renault et s’est rendue à plusieurs reprises sur place pour leur témoigner de son soutien.
La CGT condamne avec la plus grande fermeté la violence et les intimidations qui ont été orchestrées par la direction du groupe Renault et témoigne de toute sa solidarité aux travailleurs de l’usine Renault Bursa, aux salariés licenciés et au syndicat indépendant et démocratique Birlesik Metal-Is.
La CGT réclame le respect de l’accord cadre mondial de Renault sur la responsabilité
sociale du groupe Renault, la réintégration de tous les salariés, et la mise en oeuvre de l’accord du 4 février dernier sur l’organisation d’élections libres dans l’usine Oyak Renault de Bursa.
Montreuil, le 3 mars 2016