mardi 17 mai 2016
Nous publions ci-dessous le témoignage d’un militant CGT bien connu dans le Nord/Pas de Calais. Nous le livrons à l’état brut dans l’attente de communiqués qui ont été annoncés par diverses structures CGT en particulier dans la Métallurgie. Les décisions prises, semble-t-il par la direction de l’UL de Lille, face aux violences policières, posent pour le moins problème :
Jeudi 12 Mai, j’ai manifesté à Lille contre la loi Travail. Comme à mon habitude, je l’ai fait avec des ami.e.s dans le cortège « anticapitaliste », un cortège soudé autour de la notion de lutte de classe, revendicatif, et ce peu importe l’étiquette syndicale ou politique des manifestant.e.s (dont un bon nombres de syndiqué.e.s CGT ou SUD avec des drapeaux).
La manifestation c’est déroulée comme à son habitude, notre cortège également, avec un de nos slogans phare « Contre la loi travail, contre le capital, grève, blocage & sabotage ». Quelques agences banquaires (vous savez, celles qui détournent l’argent public, ou blanchissent le Narcotrafic...) reçoivent, sous les applaudissements, leur lot habituel de peinture, idem pour les exploiteurs internationaux (Macdo, Apple)... Jusque là, comme à son habitude.
Mais la situation prend alors un tournant inédit et extrêmement violent ; Nous arrivons au croisement de la rue Nationale et de l’Avenue Foch, au niveau des locaux d’HSBC. A ce moment là, je suis exactement en tête de cortège, sur la gauche. Brutalement, sans la moindre sommation, les CRS sortent de l’avenue Foch et chargent violemment le cortège à coup de matraque et de lacrymo ! Le temps de comprendre ce qui ce passe, j’ai juste le temps d’esquiver un coup de matraque au visage et de ramasser un camarade à terre en train de se faire défoncer... Les gaz lacrymogènes commence à envahir la rue, la manifestation se scinde en deux, et je me retrouve vers l’avant de la manif. Là, les quelques personnes du cortège refoulées vers l’avant hallucinent complètement : Le SO de l’UL CGT Lille est en train de pousser activement la tête de manif vers l’avant, créant un trou de plusieurs dizaines de mètres, laissant le reste de la manif à la merci des flics...
Un membre du SO va jusqu’à se foutre de la gueule d’un manifestant en train de pleurer et de cracher de la lacrymo. Un autre ira, et c’est bien plus grave, insulter une camarade CGT de « Grosse pute » (Il devra s’expliquer rapidement). Là, on les prend à parti, certains se font secouer, prennent une grosse gueulante On lutte pour faire revenir le cortège de tête, on se jette devant les camions de CRS qui déboulent pour aider leurs collègues, nous gazent au passage... Les premières poubelles sont incendiées. Mais le mal est fait.
Alors que le cortège de tête s’arrête puis commence à revenir, j’arrive à rejoindre le cortège bloquée par les flics. S’en suit un face à face, assez calme (même si certains flics visent au flashball le visage des manifestant.e.s) pour un moment. La sono SUD, avec nous, ne lâche rien, appelle la tête à nous rejoindre, et d’ailleurs une deuxième ligne de flics se met en place pour les contenir...
Un des chefs sort alors le mégaphone. Ordre de dispersion, ou usage de la force ; C’est L’usage de la force : tirs de palets de gaz lacrymogène, de grenades de désenserclement, de flashballs, coups de matraques... On s’arrache tant bien que mal rue de l’Hôpital militaire, les flics nous pourchassent, arrosent la rue de gaz lacrymo... On arrive à se tenir loin des flics, on constate les premières blessures, j’ai du mal à respirer et je n’y vois pas très clair. On s’asperge de solution anti-lacrymo. Un manifestant est sérieusement blessé aux deux jambes, on l’emmène se faire soigner à l’abri. Pourtant on ne lâche rien. On repart place de la République. Le cortège, scindé en 4 ou 5, se reforme. On part à un gros millier, de tout bords, au commissariat central pour réclamer la libération des camarades interpellé.e.s. Une fois au comico et face à la horde de flics, on réclamera la libération, qui sera refusée, puis de nouveau charge de CRS, poubelles incendiée, quartier noyé sous les lacrymos, interpellations violentes...
Que la police défonce les locaux syndicaux (comme celui de la CNT), réprime et frappe les manifestants, ça n’a rien de surprenant. Mais que des prétendu.e.s « camarades » de la CGT facilite volontairement et ouvertement la sale besogne des flics pour réprimer le mouvement social, c’est tout simplement gerbant, et ils/elles devront en répondre. En terme de répression, c’est la pire manifestation que j’ai vécu à Lille. J’ai vu de simples passants se faire frapper gratuitement, une manifestante a prit un tir de flashball en plein thorax dans une atmosphère suffocante. Un camarade de la CGT a eu plusieurs côtes brisées sous les matraques des flics. D’autres vont devoir passer au tribunal pour s’être révolter face à tant d’injustices, ou s’être juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment...
Jeudi, vous avez choisi, le camp des flics et de la « Voix des morts ». Nous avions déjà de sérieux doutes sur le rôle de votre Service d’Ordre, sur vos accointances avec les forces de Police. Aujourd’hui, c’est plus clair pour tout le monde.
Un syndicaliste CGT.