jeudi 2 avril 2020
Nous publions le communiqué de presse de l’UD 93 qui nous semble très révélateur de la tragédie sociale et humaine en cours ainsi que la surdité criminelle du gouvernement et des patrons :
COVID 19 :
Réunion avec le Préfet de Seine-Saint-Denis. Intervention de la CGT 93.
L’Union départementale CGT 93 a écrit le 25 mars dernier au Préfet de Seine-Saint-
Denis pour demander une réunion en urgence sur la situation sanitaire et de ses
conséquences associant les organisations syndicales de salariés, d’employeurs et la Direccte. Cette réunion a eu lieu le 1er avril. La CGT, la CFDT, FO, la CFE-CGC, la CFTC et la Direccte ont participé à cette réunion téléphonée avec le Préfet.
Nous avons demandé au Préfet :
L’arrêt des activités non essentielles comme cela vient d’être fait en Italie ou en Espagne. Le confinement reste selon les experts scientifiques ou les médecins, le moyen le plus efficace pour lutter contre le COVID 19. Cela permet par ailleurs de libérer des protections comme les masques et gants pour ceux qui en ont besoin. A noter le communiqué de l’AMUF (médecins urgentistes) qui va dans ce sens.
Pas de travail sans protection pour les secteurs essentiels comme c’est le cas aujourd’hui pour de nombreux salariés ou agents. Les codes de bonnes pratiques ou protocoles, sont remis en cause comme dans le BTP. Les salariés doivent pouvoir exercer leur droit de retrait s’ils n’ont pas de protection. C’est aussi le sens du préavis de grève CGT dans les services publics pour toutes les collectivités où les règles ne sont pas appliquées.
L’abrogation immédiate des ordonnances publiées suite en conseil des ministres de la semaine dernière qui organisent de manière scandaleuse la déréglementation du travail !
Déclaration d’Etat d’urgence/catastrophe sanitaire afin de mettre à contribution les
assurances par exemple et permettre le paiement du chômage partiel à 100%.
Pour l’après-crise, besoin urgent de faire un bilan avec les organisations syndicales sur les changements politiques radicaux à opérer dans de nombreux domaines économiques et sociaux. Nous avons rappeler à Monsieur le Préfet que suite à un rassemblement sur le parvis de la préfecture en juin 2019 sur les services publics il nous avait reçu en délégation. Lors de cette rencontre nous lui avions demandé qu’il puisse organiser des État Généraux des Services Publics de la Seine-Saint-Denis. Il avait refusé ainsi que notre demande de moratoire sur toutes les fermetures en cours. Nous avons redemander que des Etats Généraux des Services publics puissent être organisés après la crise sanitaire.
Nous avons signifié que ce n’est pas aux salariés de payer « la note » au sortir de la crise sanitaire. De ce point de vue, au-delà qu’il ne peut y avoir de perte de salaire nous demandons la suppression des dividendes pour les actionnaires dans toutes les entreprises comme contribution de solidarité à la Nation.
A cet égard, les premiers de cordées ne sont pas ceux que l’ont croit. Les hospitaliers, les agents des services publics, les énergéticiens, les travailleurs des transports, les logisticiens, les salariés des commerces alimentaires font la démonstration que sans eux il n’y a pas d’économie.
L’incurie gouvernementale est sidérante. L’ISF doit être rétabli. Notre pays est le 1er en terme de dividendes versés aux actionnaires en Europe (3ème mondial) et la sixième puissance mondiale mais il n’est pas en capacité de fournir de simples masques de protection et du gel hydroalcoolique. Tous les outils de production qui peuvent en fournir doivent être réquisitionnés. Sur notre département, il y a par exemple l’Oréal à Aulnay.
Les activités essentielles doivent être listées sur notre département et les autres doivent fermées. Ceci permettrait aussi de dégager du matériels comme des masques et du gel dans les entreprises industrielles.
A ce propos, l’Union Locale CGT de Roissy a écrit à la préfecture pour que soit fermé chez AirFrance le hangar CMH de maintenance aéronautique dans lequel les salariés travaillent qui plus est en binôme. Il y a 66 suspicions de Covid 19 et 7 hospitalisés. Au de là de la santé des salariés, cette fermeture dégagerait des masques et du gel en quantité.
Le trafic aérien de Roissy est tombé à 10 %. Pourtant des entreprises comme Fedex continuent leur activité ! Chez Fedex, un voyage en Italie a eu lieu fin février/début mars avec le CE. Au retour, les élus CGT ont demandé que soient mis en quatorzaine les salariés ayant participé à ce voyage. Refus de la direction. Un salarié intérimaire est décédé du Covid 19 le 24 mars. Un autre a été victime d’un malaise avec
vomissement dans la nuit du 26 au 27 mars. Il apparaît qu’aucune mesure significative n’a été prise par la direction malgré un courrier de l’inspection du travail du 18 mars. Il y a plusieurs cas de Covid 19. Nous sommes face à un cluster du Covid 19 et la responsabilité de Fedex est engagée. Ce sont 3 000 personnes qui sont concernées par une possibilité de contamination. De plus, c’est autant de possibilité « d’essaimage » du virus en externe tant dans la population que dans sa famille et ses proches. Suite à nos interventions nous avons obtenu qu’il n’y ai plus aucune entreprise d’intérim qui envoie des intériamires chez Fedex. Ces derniers étaient envoyés en première ligne. L’activité de Fedex n’est pas une activité
essentielle. Cela se pose aussi pour DHL à Paris Nord 2.
En première ligne, c’est le cas des salariés du commerce. Ainsi chez Carrefour à Aulnay et Saint- Denis, deux responsables CGT sont décédés. Dans ces magasins des mesures de protection n’ont pas été mises en places tout de suite. La négligence de l’employeur est patente et sa responsabilité est engagée. La fédération CGT du Commerce et des servives a décidé de déposer plainte devant les instances
compétentes contre Carrefour pour mise en danger de la vie d’autrui et atteinte involontaire à la vie d’autrui ainsi que contre Madame Muriel Pénicaud pour inaction. Dans les grandes surfaces les rayons non essentiels doivent être fermés et les horaires d’ouverture des magasins doivent être réduits. Pas d’ouverture le dimanche.
Il faut que cesse cette injonction contradictoire gourvernementale du « Restez chez vous » et du « Allez travailler ».
Nous avons aussi enregistré le décès d’un militant CGT au dépôt Bus Ratp d’Aubervilliers. Dans cette entreprise aussi les mesures ne sont pas à la hauteur de la menace. Ainsi à la Ratp, à CIF Kéolis ou à TRA les protections manquent et les bus ne sont pas ou peu nettoyés.
Le droit de retrait de tous les salariés de notre département doit être respecté que ce soit dans les entreprises ou dans les administrations.
Partout en Île de France, les capacités et les moyens des hôpitaux sont à la rupture face à l’épidémie du Covid 19. Les personnels, renforcés par des étudiants et des retraités assument avec un grand courage et détermination leur mission de services publics. L’épidémie est malheureusement le révélateur des politiques comptables et destructrices du service public. La pénurie est partout : personnel, lits de réanimation (à population égale, 2 fois moins de lits qu’en Allemagne), moyen de protections, médicaments. Quid des tests pour détecter le Covid 19 ? Aujourd’hui, la situation pourrait devenir plus grave avec un début de rupture d’approvisionnement en
médicaments essentiels, notamment les anesthésiques absolument indispensables pour endormir les patients intubés et ventilés en réanimation. Notre département a souffert du départ de beaucoup d’industries.
Des sites viabilisés existent pour accueillir une relocalisation de l’industrie pharmaceutique sur notre territoire.
Ce constat est national, mais il est pire en Seine-Saint-Denis. Notre département malgré une progression de sa population a vu les moyens diminuer : fermetures de lits, fermeture de services de l’hôpital Jean Verdier. 13 lits de réanimation ont pu être réouverts contre toute attente. Avec une moyenne 0,6 lits pour 100 000 habitants, c’est près de 2 fois moins de lits d’hôpitaux / habitants que dans les Hauts-de Seine.
Si ce constat a été fait à de nombreuses reprises au niveau institutionnel, dernier en date, le rapport Cornut-Gentille en 2018 : Rien n’a été fait, au contraire les politiques de destruction de l’emploi public et de ses services se sont accélérées.
Aucune réponse sérieuse n’a été apportée, par l’ex-ministre Agnès Buzyn à la mobilisation des personnels hospitaliers engagée depuis une année, ni à celle des personnel des Ehpad qui doivent prendre en charge nos anciens sans les protections élémentaires. Aucune réponse sérieuse n’a été faite par Edouard Philippe le 31 octobre dernier avec son plan pour la Seine-Saint-Denis.
Dans ces conditions, il est inacceptable comme le font des membres du gouvernements ou des médias, de pointer le non-respect du confinement par les habitants de Seine-Saint-Denis. Pour une grande majorité d’entre-eux, ils n’ont pas eu la possibilité laissée par le gouvernement d’aller rejoindre leur résidence secondaire, comme c’est le cas dans l’ouest parisien mais d’être confinés dans des logements souvent exigus.
Une grande majorité de la population est obligée d’aller travailler car assurant des missions essentielles pour toute la population et sans aucune protection.
Il est urgent de débloquer immédiatement des crédits exceptionnels pour nos hôpitaux, la recherche la protection des salariés qui sont obligés d’aller travailler.
Nous avons aussi une préoccupation concernant une population qui est en dessous des radars.
Nous voulons parler des Travailleurs sans papiers. Il y a besoin d’une prise en charge sanitaire (ex AME...). Leur accès à la santé est un facteur qui contribue au combat contre le Covid 19. Il nous semble opportun que soit engagé un grand plan de régularisation de ces travailleurs à l’instar de ce qui se fait au Portugal. Cela se pose d’autant plus au regard de la démarche de la préfecture de Seine-et-Marne qui
est de faire appel aux réfugiés pour aller dans les champs. Tous les réfugiés aussi doivent être régularisés.
Dans les populations précaires, au-delà des intérimaires qui doivent voir leurs revenus maintenus, les demandeurs d’emploi doivent pouvoir bénéficier d’une actualisation à Pôle Emploi automatique. Surtout dans un département comme le notre où l’accès à l’écrit et aux outils informatiques est souvent compliqué.
Bien sûr, nous ne pouvons pas tout aborder aujourd’hui et lister toutes les problématiques rencontrées sur notre département. La CGT 93 reste disponible et mobilisée pour surmonter cette épidémie. Elle reste aux côtés des salariés et
toutes nos Unions Locales peuvent être contactées par ces derniers. Nous avons créé par ailleurs un mail départemental (vosdroits-covid19 cgt93.fr) pour répondre aux questions que se posent les travailleuses et travailleurs sur le droit du travail face au Covid 19. Nous demandons que nos responsables syndicaux puissent se déplacer si besoin sans contrainte.
Nous demandons qu’il ne puisse avoir aucun licenciement dans la période et donc pas d’entretien préalable au licenciement.
Nous demandons qu’il n’y est pas de négociation dans la période de protocoles pré-électoraux comme il peut encore nous en arriver.
Bobigny le, 1er avril 2020