mardi 19 avril 2016
C’est au groupe musical Zabo qu’il revenait de donner le ton du congrès dans une interprétation pétillante d’une chanson de Georges Moustaki « je voudrais sans la nommer vous parler d’elle », une chanson écrite en 1969 à la gloire de la révolution permanente !
Un cran en dessous du symbole, le secrétaire de l’UD des Bouches du Rhône dans son discours d’accueil faisait applaudir les luttes emblématiques menées sur son territoire, en particulier celle des Fralib.
Puis vint le temps des élections des commissions, avec l’intégration de délégués qui se présentent en complément des membres désignés par la direction confédérale. Dans une ambiance bonne enfant. Plus tendu, le bureau de congrès renvoi à mardi matin l’intégration de trois propositions de délégués : ouverture de la commission des candidatures à la CE confédérale aux délégués, création d’une commission « résolution d’actualité » et débat de 2 heures sur l’actualité de la lutte contre la loi El Khomery.
La commission des mandats donne quelques éléments sur la composition du congrès. Et valide la double désignation fédération/union départementale en reconnaissant qu’une vingtaine de cas ont fait problème. Un délégué s’est plaint, à juste titre, du risque que les syndicats soient dépossédés de leur congrès. La FERC intervenant pour se plaindre de l’exclusion, par l’UD 71, du délégué qui devait porter les voix de sept syndicats départementaux de l’éducation...
A noter un léger recul de la féminisation à 41% des congressistes. Et si 55% des délégués viennent du privé, seulement 22% sont ouvriers pour 36% d’ICT.
Les salutations soporifiques de la CES et de la CSI ne furent l’objet d’aucune réaction de la salle. En revanche l’annonce des invités présents furent un moment très réactif : Lepaon fut copieusement hué alors que Thibault et Viannet furent applaudis. L’Unsa et plus encore la Cfdt furent huées alors que la Fsu fut modérément applaudie et l’Unl vigoureusement saluée. Au PS le record des huées avec bronca pour le retrait de la loi travail alors que le PRG passa au travers des gouttes (faute d’être identifié probablement par les congressistes...). LO fut applaudie poliment et le PG aussi, Mélenchon suscitant un surcroit d’applaudissement tempéré par quelques sifflets... La LDH, la CNL et le Mouvement de la Paix furent salués également par les congressistes.
Le discours de Martinez, clou de la première journée, reçu un bon écho. Habilement, il n’oublia personne, des syndicalistes réprimés (les Goodyear et Air-France seront accueillis jeudi pour un temps spécial libertés syndicales ajouté à l’agenda du congrès) aux grévistes de Mayotte. De la continuité syndicale des retraités à la Palestine, de la Grèce à Nuit Debout... en passant par les 32h qui pourraient créer plus de quatre millions d’emplois.
Sur les sujets brûlants il se montra également habile et fin :
Sur la CES et la CSI, il déclara que la CGT devait apprendre des autres expériences sans renoncer à défendre ses principes sans provoquer de réaction de la salle.
Sur la lutte contre la loi Travail, il répéta que la grève générale ne se décrète pas mais précisa qu’elle se construit dans les AG dans les entreprises et qu’il faut mettre la grève en débat, y compris la grève reconductible (faibles applaudissements dans la salle). Ce qui n’est pas faux sauf qu’il est plus facile de la mettre en débat avec un appel clair des directions confédérales...
Sur le syndicalisme rassemblé la salle fut plus réactive mais il se livra à une autocritique qui infléchie l’interprétation du document d’orientation dans le bon sens. Martinez affirma en effet que la recherche de l’unité était juste en soi mais qu’après le 45° congrès de 1995, la CGT a commis une erreur d’avoir privilégié la Cfdt. Précisant que contre la loi travail la CGT a proposé à tous mais n’avance qu’avec les syndicats qui partage l’objectif du retrait de la loi. Si l’on oublie le premier communiqué signer avec la CFDT et consort, la séquence lui rend en effet justice.
Curieusement le discours de Martinez ne s’est pas achevé sur le point d’orgue du 28 avril mais sur les questions de fonctionnement de la CGT. La nécessité de réformer nos structures, martelant qu’une décision prise collectivement doit s’imposer à toute la CGT. Le débat qui s’ouvre sur les nouvelles structures régionales, qui risquent de devenir des super-préfets contre l’autonomie des syndicats et contre le fédéralisme est donc placé au coeur des travaux du congrès.
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