mercredi 14 décembre 2022
Du 14 au 18 novembre se tenait le 37e congrès de la CGT FAPT à Taglio-Isolaccio en Corse. Juste avant les élections professionnelles, curieux choix tout de même pour tirer démocratiquement des bilans...
Quelques points forts du rapport introductif de Christian Mathorel ( SG de la fédération CGT FAPT) :
• La défense de l’alliance écologiste “ plus jamais ça - Alliance écologique et sociale “.
• La mise en avant de la lutte antipatriarcale au sein des syndicats, la défense de la cellule de veille confédérale contre les Violences sexistes et sexuelles (VSS).
• Un critique du manque de travail vers les salariés de la sous-traitance et du manque de temps passé avec les syndiqués. La volonté d’une CGT plus ouverte vers les cadres. La volonté de ne pas caler les instances CGT aux structures patronales mais aux besoins locaux.
• La défense de la candidature de Marie Buisson pour le prochain congrès confédéral.
• La nécessaire lutte contre les idées d’extrême droite.
• Une critique des appels par en haut qui ne produisent pas d’effets (dernières journées d’actions).
Sur le débat général plusieurs thèmes se sont dégagés : les luttes juridiques
pour faire respecter le droit de grève à la poste. Le questionnement sur
la mise en place des CSE et les syndicats qui se demandent comment ils vont faire
notamment pour les moyens syndicaux. De nombreux discours sur la
nécessaire lutte contre l’extrême droite.
De nombreux enjeux se dégagent donc pour la fédération sans parler de
l’effondrement des effectifs militants (moins 4000 adhérents depuis le
dernier congrès) les effectifs actuels sont de 34000 dont 11000
retraités, avec les 6500 actifs qui partiront en retraite d’ici le prochain
congrès !
Mais le document d’orientation, assez banal, parle des nécessaires transformations de
la CGT FAPT sans grande précision. La nécessaire lutte contre les VSS et le patriarcat mise en avant par la fédération plusieurs fois pendant ce congrès est dilué dans une lutte contre toutes les violences sans proposition de plan d’action concret. De nombreux amendements de forme ont été ajoutés par la commission sans que change réellement l’esprit du texte.
Au niveau de la teneur du débat on peut regretter que nombre de prise de
parole soit formulées comme des questions à la direction fédérale et non
des propositions soumises au débat et au vote. Lorsqu’une demande
explicite de vote est réclamée, cela n’est pas forcément fait et il faut le redemander
plusieurs fois ce qui crée un très mauvais sentiment pour nombres de délégués qui viennent dans un congrès pour la première fois.
Malgré cela il y eut des moments d’échanges intéressants :
Sur la structuration syndicale certains syndicats défendent leur structuration en branche ( Télécom, activité postale, finances ... ), et sur nos moyens toujours en baisse, certains syndicats parlent déjà de renforcer les structures régionales quand d’autres appel à l’implication dans les Unions Locales pour développer la syndicalisation.
Une vraie coupure semble exister entre les départements où les grèves unitaires CGT/SUD, et même CGT/STC en Corse semblent devenues la norme et une partie de la fédération restée prisonnière d’un passé hégémonique qui penche davantage vers la CFDT comme partenaire.
Sur la précarité une table ronde a eu lieu où l’on a pu échanger sur les luttes menées localement et aussi à l’international. De nombreuses luttes sont mené et gagnantes pour l’obtention de CDI malheureusement c’est une goutte d’eau face au rouleau compresseur de la précarisation. Trouver une structuration syndicale qui permette
l’organisation des différents statuts (Fonctionnaires, CDI, CDD, intérimaire, sous-traitance etc.) est une des solutions qui permettrait une lutte plus efficace.
A l’échelle internationale la structuration intègre déjà les travailleurs.ses de la logistique avec ceux des activités postales. En France nombreux sont les intérimaires des activités postales qui travaillent aussi dans plusieurs entreprises de la logistique. Pour les organiser il faudra mener un travail inter-fédérations.
Mais terminons par le discours traditionnel de bienvenue, combatif et résolument antifasciste d’un camarade de la CGT-Corse qui résonne alors qu’en Italie, Meloni, héritière de Mussolini, s’installe au gouvernement et qu’en France 90 députées d’extrême-droite sont à l’Assemblée Nationale. Rappelant que la Résistance en Corse facilita largement la Libération de l’Ile dès 1943 face à l’occupation italienne, le camarade rend hommage à Danielle Casanova. Non sans que l’ombre de la courroie de transmission mettant la CGT au service du PCF ternisse le propos. Car cette jeune dirigeante communiste, indéniablement courageuse, passée à la clandestinité après l’interdiction du PCF en 1939 et la signature du Pacte germano-soviétique, arrêtée et déportée en 1942 n’a jamais vraiment milité en Corse (mais en région parisienne) et qu’elle ne fut jamais militante CGT... Elle rejeta même son prénom corse pour adopter celui de Danielle, plus sérieux sans doute pour une jeune femme étudiante pour devenir dentiste avant d’intégrer la haute bureaucratie stalinienne...
Et les élections professionnelles ?
Elles se tenaient début décembre, par vote électronique ce qui a favorisé une abstention record. Maitrise difficile de l’outil informatique et bugs à répétition contribuent à une abstention record. En attente des chiffres consolidés (bravo l’informatique !!!) il semble que la CGT recule un peu quand SUD-PTT recule un peu plus. Un faisceau d’indices inquiétants à la veille des indispensables mobilisations sur les salaires et les retraites.