vendredi 13 décembre 2019
Là où se tiennent des AG dans les UL, les UD, après les manifs, il est frappant de constater qu’un grand nombre de personnes, non-syndiquées, viennent débattre et faire des propositions quoique souvent très critiques vis-à-vis des syndicats.
C’est toujours un peu déstabilisant pour une direction syndicale, et plus compliqué encore pour une intersyndicale, d’avoir à répondre à ces personnes qui ne sont pas (plus ?) dans un collectif de travail traditionnel : retraités, chômeurs, auto-entrepreneurs, salariés ultra-précaires. Car c’est d’abord sur l’entreprise et la branche professionnelle que les syndicats sont structurés et spontanément pertinents.
Et pourtant ces hommes, ces femmes font partie de notre camp social et leur envie de se mobiliser, déjà fort visible dans le mouvement des Gilets Jaunes, est un atout face à Macron. Réussir la jonction est donc un enjeu immédiat dans la lutte pour le retrait de la loi Macron sur les retraites, mais à plus long terme c’est aussi un enjeu pour faire revenir au syndicalisme ces travailleurs.
Deux constats à l’issue de ce type de discussions : ces travailleurs éloignés du syndicalisme s’imaginent nos structures toutes puissantes et hostiles à toute radicalité ; ils disent aussi, à juste titre, que le combat des retraites n’est pas leur seul calendrier : et que la destruction de nos acquis, de nos services publics au nom du libéralisme mérite un affrontement total pour détruire le capitalisme.
Or ce que le mouvement actuel confirme, après les deux années de lutte contre la destruction du code du travail, c’est justement un effondrement important de nos forces syndicales, dans les entreprises comme dans les UL et UD. Notablement les secteurs industriels qui se maintiennent dans les Ports, les Raffineries, des bassins comme Rouen, Lyon ou Marseille sont à la pointe des grèves et des blocages. Mais combien de départements sinistrés sur le plan de l’emploi où les forces syndicales ont été affaiblies, balayées quand elles ne sont pas paralysées par des sectarismes d’un autre âge ou des pratiques antidémocratiques insupportables voir un népotisme qui frôle la corruption ?
Reconstruire nos forces syndicales autour de logiques de professions et d’intérêts et sortir de la priorité au syndicat d’entreprise est une leçon à nouveau confirmée par nos difficultés.
Redonner à nos actions, propagande et mots d’ordre leur cohérence globalement anti-capitaliste est également une nécessité pour rallier les énergies : A l’approche du 1° janvier, il est très urgent de rajouter la hausse du SMIC en gros sur tous nos tracts.