mardi 10 janvier 2023
Les lambertistes du POI, affaiblis depuis la scission avec le POI-D, sont connus pour être le courant le plus brutal et manipulateur du trotskisme français. Ils sont connus aussi pour leur infiltration dans la franc-maçonnerie, et leur place importante dans Force ouvrière. Les plus anciens se souviennent que Lionel Jospin vient de ce courant. Officiellement « prêté » au PS pour faire face au PCF dans les négociations liées au programme commun de la gauche !
Cette organisation politique qui change de nom comme de chemise pour faire oublier ses dérives : oci, mppt, pt, poi a fourni le service d’ordre du PS pour la campagne Mitterrand en 1981. A l’époque, au nom de la lutte, politiquement juste contre le stalinisme, ils justifiaient sans états d’âme la violence physique contre les militants des JC et du PC (qui bien souvent avaient cogné les premiers...).
Dans leur hebdomadaire « Informations ouvrières » du 5 janvier, ils prennent sans nuance position dans les débats du 53° congrès de la CGT et sur le choix de la future dirigeante proposée comme de tradition par la direction sortante. Sous prétexte d’une interview d’une militante CGT d’EDF, ils affichent un titre sans appel : Non à la dérive sociétale incarnée par Marie Buisson.
Qu’une organisation politique donne son avis sur des documents et des décisions syndicales n’est pas en soi choquant. C’est un peu plus délicat en dénonçant une camarade. Mais le plus étonnant c’est qu’ainsi, contre toute sa tradition, le Poi en arrive à se rallier à la candidature des nostalgiques du stalinisme !
Le terme de dérive « sociétale » est par ailleurs politiquement stupide. La CGT doit se battre pour les revendications immédiates des travailleurs, à l’entreprise mais aussi sur tous les terrains sociaux : logement, racisme, sexisme, écologie...
On peut ainsi reprocher à la direction confédérale l’affaiblissement idéologique de la formation syndicale, affaiblissement qui vient de loin ! Mais reprocher le féminisme de Marie Buisson en expliquant que la fédération des PTT avait réglé le problème des femmes à la Libération confine au grotesque (et renvoi au virilisme bien ancré dans la tradition lambertiste).
Quant à l’écologie, les camarades sont pour... sauf pour défendre l’emploi. S’il est bien naturel que des salariés défendent d’abord leur emploi, même polluant, le rôle politique de la CGT n’est-il pas de les convaincre de la nécessité de faire évoluer les productions, voire d’en arrêter, tout en trouvant évidemment les formations et garanties d’emploi à chacune et chacun ? On peut toujours s’arc-bouter sur les processus du passé, et gagner quelques années. Mais l’expérience historique a démontré que si l’on peut retarder les innovations, elles nous rattrapent toujours. Et que pour gagner un vrai futur, mieux vaut anticiper et peser sur les choix à venir : décroissance, reconversions, relocalisations... L’avenir des travailleurs est à inventer et à construire. Le passé ne repassera pas...