lundi 25 septembre 2017
La manifestation du 12 septembre à Lyon, ville du ministre de l’Intérieur, a été victime d’une provocation policière plus tendue qu’ailleurs.
Des versions très contradictoires des faits circulent. Nous les avons regroupés ici afin de pousser encore une fois au débat, les deux plus gros groupes anarchistes locaux donnant une vision totalement opposée des faits.
Mais rappelons d’abord l’attitude constante des communistes libertaires de la CGT pour éviter les affrontements stériles et dangereux entre « cortèges de têtes » et SO des syndicats, et nos interventions répétées pour apaiser les tensions et permettre des rencontres. La diversité des tactiques reste notre credo. Cette conception fut construite patiemment et elle fit la force du mouvement altermondialiste permettant aux plus pacifistes comme aux plus violents de manifester ensemble. Elle vaut aussi bien dans les luttes sociales. L’unité malgré les divergences voire les détestations restant l’impératif de celles et ceux qui veulent construire un mouvement large et gagnant.
Quant aux destructions diverses et automatiques commises lors des manifestations, nous n’en voyons pas l’intérêt stratégique. En revanche nous comprenons fort bien qu’au cours de leur lutte et face à la répression, les travailleuses et travailleurs puissent être contraints à des actions déterminées pour atteindre leurs objectifs, dans la rue comme sur leur lieu de travail, ou encore face aux institutions publiques. Le recours à la violence fait alors pleinement sens pour ceux qui y participent comme pour l’opinion publique.
Nous publions donc ici quatre communiqués : Fédération anarchiste-Lyon ; Groupe Antifa-Lyon ; UD CGT du Rhône et enfin Coordination des Groupes Anarchistes-Lyon :
Communiqué sur les évènements survenus en tête de cortège lors la manif du 12 septembre contre la loi travail 2. FA-Lyon
Mardi 12 septembre était la première journée d’action contre la loi travail 2 à l’appel de la CGT, SUD solidaire et l’UNEF, une nouvelle loi qui d’après Macron est une « avancée sociale ». Ces nouvelles réformes, qui passeront au vote le 22 septembre en conseil des ministres, ne sont ni plus ni moins que des attaques de plus contre les droits des salarié-e-s du public comme du privé venant compléter la loi El Khomri.
Macron avait donné le ton quelques jours avant la journée d’action en annonçant que seuls les fainéant-e-s refusaient ce qu’il appelle des « modernisations » de la société. C’est donc entre 10 000 et 15 000 fainéant-e-s qui se sont retrouvés devant la manufacture des tabacs à Lyon pour une grosse manifestation. La CGT a réussi a énormément mobiliser, les cortèges se mettent en place, les CRS, gendarmes mobiles aussi, accompagné de leur indispensable hélicoptère de surveillance/fichage.
A coté du cortège de tête CGT, le groupe habituel sans étiquette se met en place. Le départ est donné, et comme durant les manifestations contre la loi El Khomi, les sans étiquettes passent devant pour ouvrir la marche. A peine 10 mètres plus loin, les CRS et gardes mobiles foncent sur le groupe de tête et l’encerclent, sachant qu’aucunes provocations, ni autres agissements « délictueux » n’a eu lieu. La tension monte d’un coup, ça se bouscule, se pousse, quelques coup de boucliers donnent le ton de la suite. La manifestation se retrouve donc immobilisée. On apprend que cette manœuvre policière n’a pour but que d’isoler des « casseurs/casseuses » qui auraient été reconnu-e-s. Le lendemain dans la presse on nous présentera cela comme des arrestations préventives de personnes susceptibles de « menacer l’ordre public », dormez tranquille braves gens la police veille.
Le groupe nassé, après quelques minutes, décident de tenter une sortie par la force, d’autres groupes à l’extérieur voyant ça en profitent pour, de leurs côtés, essayer d’ouvrir des brèches pour libérer les camarades encerclés. Les coups de matraque et de télescopique pleuvent de tout part sur les manifestant-e-s, s’en suit un gazage en règles des premières lignes de la manifestation. Lors de ces assauts, plusieurs manifestants furent blessés, principalement à la tête.
Tout le monde se regroupe et tente de revenir à la charge pour sortir nos camarades de la nasse. Une fois de plus nous sommes repoussés par les lacrymo et matraques. Les flics, à grands coup de boucliers, tonfa et autres armes contondantes décident d’emmener le groupe nassé quelques dizaines de mètre plus loin dans une petite rue à toute vitesse. La manifestation leur emboite le pas et se retrouve devant cette petite rue pour demander la libération des personnes encerclées. La ruelle étant tellement fliquée qu’aucune action physique n’est possible, il est décidé de bloqué la manifestation, elle ne partira pas sans la libération des camarades. Beaucoup de personnes se massent contre le cordon de CRS, crient, chantent pour soutenir les interpellé-es. La tension monte quand le service d’ordre de la CGT, surement sur ordre de leurs chefs, décide que la manifestation doit continuer et tente de faire avancer le camion de tête de cortège, sachant pourtant que nombre de ses militants ne voulaient pas bouger et demandaient aussi la libération immédiate des camarades. Des manifestant-e-s s’interposent physiquement et bloquent toute avancée, les discussions sont houleuses et ça se bousculent entre service d’ordre CGT et manifestant-e-s. De toute façon rien ne bougera sans libération des personnes nassées. Après un bon moment de tension et voyant notre détermination, la CGT décide finalement d’ouvrir des négociations avec la police pour débloquer la situation. Après plusieurs dizaines de minutes, la CGT annonce qu’il y aura libération que si le cortège avance. La CGT annonce qu’elle accepte en mettant une condition, si au bout de 100 mètres rien ne bougent du côté flic, la manifestation stoppera. Bon nombre de personnes restent au contact du cordon de CRS pour continuer à mettre la pression, une fanfare CGTiste les rejoints et met en musique les slogans de soutien. Les interpellé-e-s sont libéré-e-s au compte-goutte avec une fouille préalable, la négociation de libération sans demande d’identité ayant été acceptée côté flics. Ce n’est qu’au bout de 2h30 que la manifestation pu repartir plus déterminée que jamais au quasi complet, car 2 personnes nassées furent emmenées au poste. Une autre fut interpellée en tête de cortège un peu plus loin. La fin de parcours se fit sans pb majeur.
On peut noter que cette intervention policière n’avait pour unique but que d’interpeller un maximum de personnes du cortège sans étiquette et dans le même temps mettre la pression sur celles et ceux qui auraient voulu s’y placer. On notera bien évidemment aussi que lyon, ville de notre cher et tendre ministre de l’intérieur, G. Collomb du PS, encore peu maire de la ville, est bien connu pour sa farouche opposition à tout mouvement de contestation dans sa ville. Il est aussi un fervent instigateur et défenseur de la vidéo surveillance, de l’expulsion manu militari de tout squat ou lieux alternatifs sur sa ville, de la gentrification des derniers quartiers populaires du centre ville, de la droitisation extrême de la vie politique lyonnaise, … On pourra noter aussi que ce brave homme est à l’origine, sous la houlette de son gourou Macron, du projet de loi ultra sécuritaire appeler à remplacer les mesures de l’état d’urgence par des lois qui entreront dans le droit commun à l’automne après vote de l’assemblée, tout acquise au « petit bonapart emmanuel ».
On peut quand même retenir 2 choses positives de cette journée d’action, premièrement beaucoup de personnes sont prêtes à descendre dans la rue et se battre pour défendre leurs droits. Deuxième chose, la solidarité sans faille des manifestant-e-s envers les interpellé-e-s a permis leurs libérations, chose qui à coup sûr, n’était pas au programme des flics, et cela en fait une grande victoire. La lutte continue le 21 septembre ...
Communiqué du Groupe Antifasciste Lyon et Environs nassé le 12 septembre 2017
Retour sur la manifestation du 12 septembre 2017, nassée au moment même de son départ. Nous allons pas faire un témoignage de plus sur la journée d’hier, nous sommes à peu prêt tous et toutes d’accords. Nous allons plus revenir sur le constat.
La police de Collomb hier à Lyon mais aussi à Nantes ou Paris à fixé le curseur de la violence. Pour ceux et celles qui comprennent pas encore tout sur les méthodes policières et donc sur nos méthodes d’auto défense on fait un petit rappel.
Hier les personnes qui se sont fait séparer du cortège au bout de 20 mètres de manifestation l’ont été car connus ou reconnus de certains chefs de la Bac et des RG.
Et oui, car hier tout le monde en début de manif était visage découvert, le but était de prendre la tête de la manif avec des grosses banderoles frappées de slogan qui parlent à une autre génération et à d’autre type de manifestant-es.
Malheureusement malgré la solidarité qui a eu plus tard dans l’après-midi par les syndicats, nous nous demandons qui de la CGT à autorisé la police à pénétrer les rangs de la manifestation et ainsi mettre en danger plusieurs dizaines de personnes ?
Nous n’accepterons aucune alliance avec les RG, la préfecture ou la vermine du chef de la Bac. Nous vous rappelons que ces gens mutilent, violent et tuent.
Si vous voulez mettre dans les mains de la police vos enfants, si vous voulez que la nouvelle génération passe les premières années de sa vie d’adulte en prison, posez-vous des questions sur votre engagement politique.
Pour rappel en 2010 tout le monde c’était indigné de la nasse sur la place Bellecour, maintenant on va en manifestation en trouvant ça normal.
Hier des fouilles de sac à la sortie des métros, une volonté de ficher l’identité des gens nassés, arrestation de toute personne déguisée ou masquée.
Où sont passés les manifestations d’avant ? Pourquoi trouve-t-on ça normal maintenant ?
C’est les bris de vitres de banques ou d’abris bus tenue par des multinationales qui exploitent et qui font crever des gens dans le monde entier qui vous choquent pour en arriver à collaborer avec la police ?
Hier la solidarité qu’il y a eu pour libérer la nasse doit être systématique, le refus de fichage d’identité avant et après la manif doit devenir une habitude. Hier beaucoup de syndiqué-e-s CGT, CNT, SUD et autres militant-e-s ont été de notre côté et ne se sont pas laissés manipuler par la police merci à eux et elles.
La violence de la lutte qui commence ou recommence a été fixée par la police hier.
Nos anciennes méthodes vont donc être de retour, dissimulation de nos visage pour éviter le fichage et les arrestations ciblées pour rien, multiplication des banderoles pour entourer le bloc de manifestants et éviter l’intrusion de la police, et parce que nous sommes les plus jeunes, parce que nous sommes anarchistes, communistes, antifascistes, étranger-es nous sommes les plus vulnérables à la répression policière nous continuerons à prendre les têtes de cortèges.
Hier la manifestation par la solidarité et le nombre à été une réussite mais avec des erreurs très dangereuses.
Pour rappel on n’est pas dans la paranoïa mais chez les flics il y a des fascistes et fiers de l’être, la preuve avec des phrases qu’ils nous balancent ou avec la saisie de nos drapeaux antifascistes hier.
Ils sont aussi menteurs, arrêtez de croire que les négociations vont dans notre sens, par exemple hier quand ils ont demandé au cortège d’avancer pour laisser sortir les gens nassé-es cette manœuvre était uniquement pour nous laisser seul-es face à eux.
M. Collomb hier votre police a fait une grave erreur et elle en payera les conséquences. Nous serons encore plus nombreux et nombreuses. Nous serons encore plus déterminé-es.
Et cette fois ci nous gagnerons la lutte par tous les moyens tous et toutes ensembles, chasuble rouge et k-way noir on marche ensemble, on lutte ensemble.
Attendez-vous à vivre la lutte contre la loi travail de manière XXL.
Nous pensons et soutenons les personnes interpellé-e-s et bléssé-e-s hier.
Rendez-vous dans la rue le 21 septembre 2017.
Les militant-e-s de La GALE
UD CGT du Rhône
Mardi 12 septembre 2017, la journée d’action intersyndicale contre les projets d’ordonnances « Loi travail » a été réussie par l’ampleur des arrêts de travail et des manifestations, 10 OOO manifestants à Lyon et plus de 400 000 dans tout le pays.
A Lyon, ville où est élu le Ministre de l’intérieur Gérard Collomb, cette journée a été tristement perturbée par les provocations policières. Dès le premier pas du cortège de tête, celui ci s’est retrouvé bloqué par les « forces de l’ordre » alors que la manifestation démarrait dans des conditions normales grâce à la présence du service d’ordre de la CGT. Les forces de police sont responsables des blessures de plusieurs manifestants dont un membre du service d’ordre de la CGT.
Ce blocage, décidé par le pouvoir politique, a fait monter la pression. La police a délibérément chargé sans raison une partie des manifestants les mettant dans une nasse leur interdisant l’accès à la manifestation. Le droit constitutionnel de manifester n’a pas à être entravé.
La tentative de mise en garde à vue d’une centaine de manifestants a été un échec grâce au sang froid et la solidarité des manifestants.
La direction de l’Union Départementale CGT du Rhône et de la métropole de Lyon, avec son secrétaire général João Pereira Afonso, a permis après de difficiles pourparlers avec la police, qui manifestement avait l’ordre de ne pas discuter avec les représentants syndicaux, de débloquer la situation et de libérer les gardés à vue.
Pendant plus de 2 heures, la manifestation n’a pu démarrer tant que la libération des gardés à vue n’a pas été effective. Une partie importante des manifestants n’ont pu effectuer le parcours.
Comme le fait remarquer un article de Libération, le dispositif policier allégé à Paris a permis une manifestation sans incidents contrairement à Lyon.
Il est temps que nous revenions à Lyon à un déroulement des manifestations laissant leurs gestions aux organisateurs, ce qui était le cas il y a encore peu de temps.
Les violences ne doivent pas atteindre leur but qui est la démobilisation des salariés, des privés d’emploi et des retraités. Au contraire la CGT 69 appelle à se mobiliser sur les lieux de travail, à décider collectivement de faire grève et de participer aux manifestations à venir, à commencer par le 21 septembre.
Lyon le 13 Septembre 2017.
Sur la manifestation lyonnaise du 12 septembre
Syndicalistes libertaires de la commission syndicale de la CGA-Lyon
L’enjeu de cette journée pour la CGT et SUD était fort : marquer le coup d’envoi d’une lutte contre les ordonnances Macron et plus globalement la politique de casse sociale du gouvernement.
Pour cela plusieurs objectifs essentiels devaient être atteints : construire la grève dans le maximum de secteur et donner l’impulsion à son élargissement lors de la prochaine journée d’action du 21 ; réussir la manifestation pour agir sur le moral collectif des travailleuses et travailleurs, en servant de déclic à la lutte.
Dans le mouvement syndical, les manifestations ne sont jamais vues comme une fin en soit, comme « le » lieu essentiel du rapport de force : il s’agit avant tout de « se compter » pour servir de point d’appui au développement de la grève qui est le lieu central du rapport de force, car c’est là qu’on peut « taper au portefeuille des patrons ».
Le service d’ordre CGT avait un mandat clair pour cette manifestation « on n’est pas là pour faire la police mais pour protéger le cortège syndical, on essaye d’éviter la division de la manifestation ». Une ligne qui a été celle de la CGT tout au long du mouvement de la loi travail à Lyon l’année dernière, ce qui n’a pas empêché certaines et certains d’insulter régulièrement les militantes et militants en les traitant de « collabos », « traitres », « flics », etc...
Le SO a été globalement exemplaire sur ces nombreuses manifestations, évitant la plupart du temps des affrontements inter-manifestants que personne ne devrait souhaiter. Cela ne signifie pas bien sur qu’il n’y a pas encore du progrès à faire, notamment sur la mixité et les dérapages verbaux individuels, problèmes qui sont communs à l’ensemble des cortèges et des manifestants.
Provocations policières et blocage de la manifestation
Le 12 septembre à 11 h 30, le cortège a voulu commencer à avancer.
Comme lors du mouvement précédent, devant le cortège syndical, un mini « cortège de tête » s’est formé. Rapidement la manifestation a été bloquée.
Le service d’ordre syndical est alors remonté en tête de manifestation pour tenter de faire démarrer la manif. Les flics ont alors manoeuvré, profitant d’un flottement, pour couper en deux la manifestation, en se plaçant devant la ligne de SO, afin d’isoler le « cortège de tête ».
Immédiatement, certains ont accusé la CGT de collusion avec la police, insultant le SO, tombant tête baissé dans les manoeuvres de division de la police. Il est évident également que dans le cortège syndical, est ressorti le refrain habituel sur « ces anars qui foutent la merde », etc. Deux lignes se sont affrontées (l’une pour attendre, l’autre pour passer en force si nécessaire).
Violences policières
Gazage et matraquage policier
Les flics ont alors commencé à matraquer le cortège de tête, ce qui a amené la première ligne du SO CGT rejoint par le SO de Solidaires à pousser la ligne de CRS pour tenter de porter secours aux manifestants, et rompre la tentative policière de division. La riposte policière a été immédiate : gazage massif et matraquage de la première ligne syndicale, à plusieurs reprises (il y a eu plusieurs blessés légers).
Dans le même temps les flics ont repoussé environ 120 personnes du cortège de tête dans une rue adjacente. La poussée par le SO syndical a permis à la tête de manifestation de rejoindre cette rue, les 120 personnes nassées restant séparées de la manifestation par plusieurs rangs de CRS.
Charge SO CGT pour libérer la nasse
A ce moment là, il y a également eu un flottement au niveau de l’attitude à adopter : la nécessaire solidarité avec les personnes nassées, mais aussi la nécessité d’éviter que la manifestation ne se délite, avec des conséquences majeures sur la suite du mouvement.
Après plus de deux heures d’attente, une partie des manifestants est rentrée chez elle, ou retournée au travail (la pratique du débrayage de 2-3-4 heures dans le privé est courante pour ce genre de manifestation, l’état du rapport de force dans les boites ne permettant pas toujours des journées entières de grève).
Charge SO CGT pour libérer la nasse
Obtention de la libération des nassé-e-s
L’UD CGT et Solidaires ont décidé de mettre la pression sur la préfecture, en annonçant leurs refus de partir si les manifestants nassés n’étaient pas libérés.
Certaines professions cependant souhaitaient commencer à défiler, ne comprenant pas que la manif ne démarre pas. Pour éviter un délitement de la manifestation, l’UD a donc décidé de faire avancer en « piétinant » le cortège, afin de s’assurer de la libération des personnes nassées, tout en évitant le délitement de la manifestation.
Cela n’a pas empêché certaines personnes, tout en appelant à la « solidarité » de s’en prendre au service d’ordre syndical, bloquant le camion de l’UD, voyant dans cette avancée une « trahison ». C’est pourtant bel et bien l’intervention de l’UD CGT, et cette stratégie qui ont permise la libération des manifestants nassés, tout en évitant ce que voulait le gouvernement : une dissolution progressive de la manifestation.
Il est par ailleurs évident qu’il est plus compliqué de discuter sereinement au milieu d’une telle confusion, alors qu’on est encore sous la menace d’une nouvelle intervention policière et qu’on vient de s’exposer aux coups et aux lacrymos des CRS. Ce climat favorise les réactions émotionnelles et impulsives (pas toujours les plus intelligentes), d’un côté comme de l’autre. C’est pourquoi il nous semble important, d’une part, de rappeler que c’est avant tout la répression policière qui crée et joue de ces tensions, et d’autre part d’avoir une réflexion stratégique à tête reposée sur les meilleures manières d’éviter de lui permettre de jouer de nos divisions.
Anti-syndicalisme et manifestation syndicale
Mais certains et certaines entendent construire leur radicalité autoproclamée sur l’antisyndicalisme.
La réalité, c’est que c’est le mouvement syndical qui a réussi à mobiliser plus d’une dizaine de milliers de travailleuses et travailleurs sur Lyon. C’est le mouvement syndical qui, prenant ses responsabilités, a évité les stratégies de provocation policière et de division du gouvernement.
Il y a évidemment des divergences au sein de la CGT, ou de SUD sur l’attitude à suivre.
Les représentations des manifestants composant le « cortège de tête » sont parfois aussi caricaturales que celles qu’ont certain des manifestants du « cortège de tête » du mouvement syndical.
Mais qui peut sincèrement croire que c’est en insultant les militantes et militants qu’on fera avancer la solidarité et échouer les manoeuvres de division ? Quel bilan est fait, au sein du cortège de tête, de l’impuissance à faire échouer les manoeuvres policières, ou de mobiliser en masse les travailleuses et travailleurs ?
On a entendu certains dire que « ce n’est pas les syndiqués CGT qui ont trahi, mais c’est l’UD ». Mais qui est allé mettre la pression sur les flics si ce n’est des membres de la CE de l’UD ? Qui a refusé la division policière si ce n’est la première ligne du SO, sous mandat de l’UD, qui a essayé de forcer le départ de la manifestation, refusant son blocage par les flics et la division qui en découlait ?
Qui a intérêt à entretenir la défiance, la division, et l’animosité entre manifestants ? A part le pouvoir et ceux qui, plutôt que de construire de manière réellement autonome leurs propre force, entendent le faire au détriment du mouvement syndical.
La division ne profite qu’au pouvoir en place, et si les attitudes qui la portent sont à combattre au sein du mouvement syndical, elle le sont certainement aussi au sein de celles et ceux qui s’autoproclament « radicaux ».
Syndicalistes libertaires de la commission syndicale de la CGA-Lyon