mercredi 18 octobre 2017
Savoureux moments d’arrogance et d’autosatisfaction du tribun de la France Insoumise qui, en accusant les syndicats de n’avoir pas su diriger une lutte dont il leur « offrait » généreusement la conduite, tente de se faire passer pour notre sauveur. Extraits du blog de Mélenchon :
"Je fais le point sur cette étrange semaine. Est-ce celle où nous avons perdu une bataille sur le Code du travail si mal conduite ?
La semaine précédente avait vu le front du refus syndical s’élargir de façon spectaculaire avec l’entrée en opposition de Force Ouvrière puis le rendez-vous unitaire au siège de la CGT. Nous pensions tenir l’occasion de voir le mouvement social se reprendre en main face à l’adversaire. Le 23 septembre, dans mon discours place de la République, j’avais dit que nous demandions aux syndicats de prendre l’initiative et que nous nous placerions à leur suite. L’idée était de réduire le niveau de tension créé par les remarques acides du secrétaire général de la CGT et de celui de FO. Nous voulions aussi stopper d’un coup la grosse campagne selon laquelle nous serions en compétition pour diriger la lutte. Bref, nous avons passé la main de la conduite du combat pour faciliter son déroulement et surtout son élargissement. La suite a été bien décevante.
Car de ce leadership, que sort-il ? Fort peu. À vrai dire : rien. La réunion syndicale unitaire a convoqué une autre réunion unitaire pour « envisager une journée d’action en novembre ». Pendant ce temps les corporations, abandonnées à elles-mêmes, négocient séparément. Les plus puissantes obtiennent des résultats spectaculaires. Ainsi les routiers et les dockers. Leurs acquis confirment notre procès contre ces ordonnances. Ils obtiennent que l’accord de branche s’impose à l’accord d’entreprise ! Mais toutes les autres professions où le rapport de force est plus difficile à construire et où le niveau d’organisation n’est pas le même, restent clouées au sol. Tout semble se dessiner pour une défaite du mouvement ouvrier traditionnel.
Pour l’instant la probabilité de la victoire de Macron par KO sur ces ordonnances augmente d’un bon cran. Et cela alors que les conditions semblaient s’être considérablement dégradées pour lui. Pour nous ce doit être un sujet de réflexion approfondie. Le « vieux monde » impuissant à vouloir et à changer quoi que ce soit, ce n’est peut-être pas qu’un thème politique. Les directions des corps intermédiaires peuvent-elles être autre chose que des rouages à l’intérieur d’une réalité qui fonctionne comme un bloc ?
Je demande que l’on réalise la violence de ce que nous sommes en train de subir, pieds et poings liés. Et l’ampleur de la défaite qui se dessine sous nos yeux. Mieux que Reagan, plus vite que Thatcher, mieux que Blair, avec un seul texte et en quatre mois, Emmanuel macron va-t-il renverser cent ans de compromis social ? Et il ne faudrait pas en tirer des conclusions ? En tous cas après avoir tenu son poste de combat sans faiblir, « la France insoumise » ne doit se résigner d’aucune façon."
Si nous pouvons partager une part du constat donné par Mélenchon, on se demande bien pourquoi il ne reprendrait pas la direction du mouvement que, dans sa manière de refaire l’histoire, il aurait exercé jusqu’au 23 septembre puis abdiqué ensuite volontairement à une bande d’incapables ? Un million sur les Champs-Elysées nous avait-il promis d’organiser. Tiens il n’en parle plus ?
Oui sauf rebondissement inattendu Macron va gagner un match. Et pas un militant syndical investi sur le terrain n’en sera surpris car au delà des reproches, qu’il faudrait savoir différencier, Mélenchon, entre ceux que méritent la CGT, FO ou la CFDT, tous les militants qui avaient déjà vécu l’impossible élargissement dans les entreprises du combat en 2016 savaient que les chances d’y parvenir cet automne étaient infimes.
La démoralisation/démobilisation des salariés est malheureusement bien réelle, comme les situations de précarité qui rendent très difficile de faire grève. Et vous faites parti, Mélenchon, de ceux qui ont construit ce recul de la conscience ouvrière en accompagnant si longtemps la politique libérale du PS et de ses gouvernements successifs. Vous êtes vous aussi du vieux monde !
Dans la polémique début septembre sur la façon dont la date du 23 septembre venait perturber inutilement la construction d’un calendrier syndical déjà compliqué, nous avions même entendu vos militants-facebook reprocher à la CGT d’avoir décidé d’une nouvelle journée de grève le 21 car cette journée de grève était une journée de division qui « gênait » la promenade du samedi 23...
Nous avons beaucoup de choses à reconstruire dans nos syndicats. Mais, Mélenchon, nous ne vous accorderons pas pour autant aucune virginité politique.