samedi 7 décembre 2019
Tout le monde se souvient comment la CFDT avait lâché la bataille des retraites en acceptant l’allongement du temps de travail en échange d’une prise en compte des travaux pénibles. En soutenant le système à point, elle poursuit le même discours en prétendant défendre ceux qui souffrent le plus de conditions de travail dégradées (batiment, agro-industrie...). Il faut donc rappeler que la mise en place du compte-pénibilité n’a été qu’une farce dont il ne reste quasiment rien après des mois de négociations vaines dans les boites et les branches.
La CFDT qui défend le régime universel à point tient donc « en même temps » un discours parfaitement corporatiste pour flatter les travailleurs du privé et les détourner de la mobilisation en cours. Mais il y a pire : Ce discours tente de convaincre qu’il y aurait des salariés pour qui travailler pour un patron ne serait pas « pénible » ! Or ce qui est fondamentalement « pénible » dans le travail salarié c’est que le patron vous vole une part des richesses que chacun a créé.
Enfin ce discours sur la compensation de la pénibilité extrême de certains secteurs par une retraite avancée détourne les travailleurs de l’essentiel : des embauches, des baisses de cadence, des baisses du temps de travail tout au long de la vie et pas seulement en fin d’une vie brisée !
Tous les délégués l’ont fait, pour soutenir la négociation avec leurs patrons : Tel poste, telle situation, telle période est particulièrement pénible et cela mérite donc une prime, des emplois, une augmentation de salaire, du repos en plus...
Si l’argument est utile face au patron, nous ne devons jamais oublier (et lui n’oublie jamais) que cet argument n’est qu’un « habillage » pour exiger au profit des salariés une part plus grande de la plus-value créée ! Car très vite ce type d’argument peut alimenter un syndicalisme catégoriel ou corporatif avec des salariés qui prennent l’argument de la pénibilité « pour de vrai » au point de rendre invisible l’affrontement de classe entre patrons et salariés pour le partage du gâteau.
L’argument de la pénibilité est dangereux en ce qu’il peut pousser, dans une entreprise entre différents ateliers comme à l’échelle du pays entre différentes professions, les travailleurs à brandir « leur pénibilité » contre la pénibilité des autres, source de divisions qui peuvent être mortelles.
Parce que la vérité est ailleurs. Si certains métiers ont acquis des compensations supérieures (salaires, conditions de travail, congés, retraites...) ce n’est pas parce que les bonnes âmes patronales ou gouvernementales ont été convaincues et émues par la dureté d’un métier ! Mais uniquement grâce à un rapport de force syndical et politique supérieur dans telle ou telle profession !
Prenons l’exemple des policiers. Ils pleurnichent à la télé sur le thème : il faut maintenir notre régime car à 60 ans on peut plus courir après les manifestants (en fait ils disent après les voyous...). Exact ! Mais ils pourraient parfaitement à 55 ans être recyclés sur des postes où l’on ne court plus. Ce n’est donc pas la « pénibilité » au demeurant réelle de leur travail qui amène Castaner à promettre de rien changer mais la nécessité politique de donner satisfaction à une profession dont la colère pourrait être redoutable si (rêvons un peu !) elle rejoignait le camp des travailleurs.
Alors assez de faux semblants ! Revendiquons une bonne retraite pour toutes et tous parce que l’argent existe pour les financer pour peu qu’on dévalise les capitalistes de leurs rentes et de leurs dividendes. Un point c’est tout !