jeudi 17 juin 2021
« Syndicollectif » est un blog qui collecte et édite les déclarations officielles de syndicats de toutes obédiences. Ces compilations ne sont pas inutiles à qui veut suivre l’actualité officielle des confédérations.
Il se garde généralement de relayer les réflexions critiques produites par des blogs comme le nôtre. En fait il se garde en général de commenter les déclarations officielles des structures. Bref il se garde de produire sa propre réflexion.
Rien d’étonnant quand on connaît le parcours de son principal animateur. Ancien dirigeant de la LCR et un des dirigeants de son aile droite, Jean-Claude Mamet a toujours combattu l’idée d’une expression publique des révolutionnaires sur la chose syndicale, au nom de l’indépendance naturellement.
Au tournant des années 2000, il était néanmoins un fervent défenseur de l’unification du syndicalisme « de lutte » et participait hardiment à diverses initiatives visant à promouvoir l’unification des organisations CGT/FSU/Solidaires. Une démarche dans le prolongement de l’action de ses amis de tendance dans la LCR, qui militaient pour une construction politique qui aurait regroupée la LCR, les écolos, les alternatifs, le PCF...
Les mêmes dirigeants de cette tendance de la LCR qui avaient fait exploser le courant Ecole Emancipée* de l’ex-Fédération de l’Education Nationale (FEN) en passant un accord avec les militants du PCF qui animaient le courant Unité et Action pour co-diriger la FSU. Les socialistes de la FEN, mis en minorité, se retrouvant aujourd’hui dans l’UNSA. Toutes ces manoeuvres étant censées, elles, respecter l’indépendance syndicale...
Mais au moins l’idée du rassemblement des forces syndicales combatives face au bloc construit autour de la CFDT qui avait exclu les militants et les syndicats de son aile gauche était-elle porteuse de sens, et même d’espoir.
Aussi la surprise est-elle grande en lisant la tribune qu’il publie dans « Le Monde » daté du mardi 15 juin.
Sur une demi-page, il fait d’abord le constat de l’affaiblissement syndical et offre des explications sérieuses. Constatant l’éclatement des collectifs de travail, les ravages de la sous-traitance, la présence parfois dans une même entreprise de plusieurs syndicats d’une même confédération avec des salariés relevant de différentes conventions collectives, il propose une refonte des structures syndicales pour plus d’efficacité.
Très bien ! Mais pourquoi ne va-t-il pas au bout alors qu’il sait parfaitement que l’idée de revenir à des syndicats d’industrie est portée par les militants CGT de sensibilité syndicaliste révolutionnaire, et bien au-delà de leurs rangs. En effet un syndicat d’industrie sur une base territoriale est un outil décisif pour unir l’ensemble des salariés d’une branche, qu’ils soient dans une grande entreprise ou dans une PME, qu’ils soient en CDI, en sous-traitance, précaires ou même auto-entrepreneurs.
Puis les choses se gâtent : il renvoi dos à dos un syndicalisme « réformiste » et un syndicalisme « de lutte » qui seraient tous les deux en échec et prisonniers d’une stratégie d’affrontement stérile : les syndicats sauraient passer des compromis, sauf entre eux... Un point partout, balle au centre. CFDT et CGT ont chacun leurs mérites et leurs défauts mais leur recul doit les amener à un sursaut.
A juste titre, il dénonce l’existence de postures sectaires et proclamatoires au sein des deux confédérations qu’il conviendrait d’éradiquer car elles nuisent globalement à l’image même du syndicalisme. Et il conclu logiquement sur l’urgente nécessité d’un rapprochement entre la CFDT et la CGT. Exit l’unité des syndicats « de lutte » dont les sigles ne sont même pas mentionnés. Et vive le retour au « syndicalisme rassemblé » !?!
Alors que le prochain congrès confédéral CGT verra l’affrontement de visions concurrentes, on peut se demander pour qui roule « Syndicollectif », le blog qui ne produisait jamais sa propre analyse. Jusqu’ici.