Communistes libertaires de la CGT

Violences sexistes : La CGT ne doit pas reculer

dimanche 27 novembre 2022

Trois évènements sont venus se percuter autour du dernier CCN des 14 et 15 novembre :

D’abord une mise en cause lors du CCN des évolutions positives de la CGT sur l’égalité homme/femme et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, y compris dans la CGT. Un soutien minoritaire mais virulent et complaisant envers Benjamin Amar ; des attaques perfides contre Marie Buisson proposée pour succéder à Philippe Martinez ; une remise en cause de la parité pour la constitution de la prochaine Commission exécutive confédérale. Faire de la place aux femmes, c’est forcément en retirer aux hommes...

Puis c’est le refus de finaliser la tribune unitaire qui est parue comme prévu dans « Le Monde » à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre. Cette tribune unitaire était le fruit du travail des cellules de veille contre les violences sexistes et sexuelles de différentes organisations, syndicales et politiques, qui mettent en commun leurs expériences, leurs méthodes depuis plus d’un an. Avec l’idée qu’il est fréquent qu’un violeur repéré, démandaté, exclu parfois ne tarde pas à réapparaitre dans une autre organisation et qu’il convient que l’organisation où il s’installe soit informée du passif. Il est d’autant plus déplorable que la direction confédérale retire in extremis sa signature que la cellule de veille CGT était la plus impliquée dans la rédaction du texte finalement publié dans « Le Monde » * (lire le texte ci-dessous). Pourquoi ce fiasco ? Volonté de faire baisser les tensions internes cristallisées autour d’Amar et Talbot ? Ou victoire politique de leur fraction ? Dans tous les cas une défaite pour la cause des femmes !

Enfin la difficulté à faire avancer les dossiers de militants coupables de violences sur d’autres militantes a conduit des camarades à faire circuler un tract clandestinement affiché dans les locaux à l’occasion du CCN** (lire le texte ci-dessous). La méthode et la dureté du ton choqueront sans doute des camarades. Mais l’existence même du tract signifie que les avancées des dernières années sont menacées, en général par les mêmes qui rejettent l’intégration des questions écologiques dans les luttes syndicales et qui se prétendent a bon compte l’aile révolutionnaire de la CGT...

Ces débat doivent devenir un des enjeux du 53° congrès et donc sortir des hautes sphères montreuilloises car c’est l’avenir de la CGT qui est en jeu. Aux militantes et militants de s’y impliquer.

*La tribune parue dans Le Monde :
Tribune Inter-Organisations à l’occasion du 25 novembre 2022 : Journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes
MeToo politique et syndical : un moment nécessaire !

Cette année est marquée par les 5 ans de MeToo, c’est un moment historique.

En cette journée internationale d’éliminations des violences à l’égard des femmes, nous, organisations syndicales et politiques, associations, constatons depuis quelques mois une mise en cause de nos dispositifs internes de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Elles sont accusées de rendre une forme de justice sauvage, secrète et à visée politique.

Le moment MeToo est un moment important dans la prise en compte de la parole des femmes, un mouvement qui continue sa déflagration dans toute la société. Aujourd’hui, nous assistons à un MeToo politique, suite logique que nous saluons sur sa capacité à faire entrer le débat dans chaque organisation politique ou syndicale quant à la manière de faire cesser les mécanismes de domination à l’œuvre en interne pour que l’égalité soit réelle. Au lieu de voir ce moment avec crainte, il faut l’aborder avec lucidité et sans complaisance.

Nous rappelons que les cellules de veille, commissions ou collectifs qui existent dans nos structures, ont pour mission principale de protéger les victimes, en faisant en sorte d’éloigner leurs agresseurs et de les empêcher de représenter nos organisations. Il s’agit aussi de faire vivre des valeurs d’égalité sur lesquelles se fondent nos structures. Elles supposent de faire cesser toutes formes de violences à l’égard des femmes. C’est une condition sine qua non au changement de société auquel nous œuvrons. La mise en place d’un environnement militant sans violence ni domination doit permettre aux femmes de prendre toutes leurs places dans le militantisme et d’y prendre des responsabilités. Outre l’atteinte grave à la dignité des victimes que constituent les VSS, elles sont aussi un frein majeur à leur investissement et donc au renforcement de nos structures.

Le féminisme se bat contre les oppressions et domination. Il prône l’égalité réelle entre les femmes et les hommes dans la vie privée et dans la vie publique.
Il ne s’agit pas pour nous de lancer une « guerre des sexes ». Il ne s’agit pas davantage de rendre la justice - que celle-ci fasse son travail, « il est temps de siffler la fin… » de l’impunité pour les agresseurs !

Le droit du travail oblige l’employeur à agir sans attendre une décision de justice, nous ne pouvons pas faire moins. Il s’agit d’avoir des représentant.es, dirigeant.es dont les comportements sont en conformité avec les valeurs défendues par nos organisations. Ce sont elles qui fondent notre fonctionnement interne, pas les institutions judiciaires.

Nous nous sommes doté.es pour cela de protocoles de fonctionnement, généralement débattus et adoptés collectivement dans nos instances et le plus souvent rendus publics. Les membres de nos cellules de veille, commissions ou collectifs sont formés et tenus à la confidentialité. Le battage médiatique dont certaines situations ont fait ou font encore l’objet montre à la fois que les violences sexistes et sexuelles continuent de sortir de l’invisibilité, ce qui est une avancée, mais que les ressorts du patriarcat sont encore puissants : la lutte doit se poursuivre.

Nos cellules de veille, commissions et collectifs travaillent ensemble depuis maintenant plus d’un an :

• Nous demandons que les moyens nécessaires et suffisant soient donnés aux associations d’aide et d’écoute aux victimes : organiser une réelle prise en charge est une nécessité incontournable. L’impact de ces violences sur les femmes est délétère, que ce soit sur leur santé physique ou psychologique ou sur leur place dans nos organisations. L’accès aux soins et à la justice doit être garanti,
• Nous exprimons toute notre solidarité envers les membres des cellules dont le travail méticuleux et dans le respect de la confidentialité a été soumis à la vindicte publique jusqu’au plus haut niveau,
• Nous demandons que soit lancée une large campagne de formation sur les violences sexistes et sexuelles, à même de recentrer le débat sur les questions de fonds : prévenir les violences sexistes et sexuelles, protéger les victimes et obtenir réparation, ce qui passe notamment par des mesures à l’encontre des mis en cause. Stop à l’impunité !

Nos aspirations rejoignent celles qui vont s’exprimer dans la rue à l’occasion de la journée internationale d’élimination des violences à l’égard des femmes : nous voulons vivre dans une société où chacun.e puisse s’épanouir quels que soient son genre ou sa sexualité.
Pour cela, nous sommes prêt.e.s à changer ce monde sexiste et patriarcal !

Signataires :

• Alice PICARD et Youlie YAMAMOTO, co-porte-parole d’ATTAC France,

• Aline CHITELMAN -Cellule Contre les Violences Sexuelles et Sexistes d’ENSEMBLE ! Et J-F PELLISSIER, Porte - parole d’ENSEMBLE ! Mouvement pour une Alternative de Gauche et Ecologiste,

• Véronique MARCHESSEAU, Secrétaire générale de la Confédération paysanne et Nicolas GIROD Porte-parole,

• Chloé SAGASPE et Alain COULOMBEL, porte-parole d’EELV,

• Benoit TESTE, Secrétaire général de la FSU et Sigrid GERARDIN, Secrétaire nationale,

• Sophie VENETITAY, secrétaire générale du SNES-FSU, et Emmanuel SECHET, secrétaire général adjoint,

• Myriam MARTIN et Hendrik DAVI, portes paroles de la Gauche Ecosocialiste GES,

• Mathilde PANOT, présidente du groupe parlementaire LFI-NUPES et Sarah LEGRAIN, députée de Paris et référente du Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de la France Insoumise,

• Philippe POUTOU Porte-parole national, Alice PELLETIER Commission nationale d’intervention féministe et Conseil politique national pour le NPA,

• Imane OUELHADJ, présidente de l’UNEF et Adrien LIENARD, secrétaire général,

• Blandine TURKI, secrétaire générale et Nicolas WALLET, secrétaire général pour le SNUipp-FSU,

• Fabien ROUSSEL, secrétaire national du PCF et député du nord, et Shirley WIRDEN, responsable nationale du dispositif Tolérance Zéro du PCF,

• Jean-Christophe SELLIN, co-coordinateur du Parti de gauche et Hélène LE CACHEUX , co-coordinatrice du Parti de gauche,

• . Olivier FAURE, Premier Secrétaire du Parti Socialiste et Cécilia GONDARD Secrétaire Nationale à l’égalité entre les femmes et les hommes,

• Murielle GUILBERT, co-déléguée de l’Union syndicale Solidaires et Julie FERRUA, secrétaire nationale de l’Union syndicale Solidaires,

• Gaëlle BACKER et Pablo RAUZY pour l’UCL, Union Communiste Libertaire.

**Le tract « clandestin » :

A LA CGT COMME AILLEURS LA PEUR DOIT CHANGER DE CAMP

Syndiqué·es CGT, nous sommes indigné·es par la gestion des violences sexistes et sexuelles que nous constatons dans nos organisations. Toute la CGT doit entendre les souffrances vécues et les risques encourus par les camarades victimes ou témoins de violences sexistes et sexuelles au sein de l’organisation.

Ensemble, nous devons y mettre fin ! Nous en avons tous et toutes besoin pour vivre et militer.

NOUS DÉNONÇONS

Le maintien des agresseurs dans nos syndicats et dans leurs mandats syndicaux ; le soutien qui leur est trop souvent apporté par des camarades en responsabilités, des syndicats, des unions locales, départementales, régionales, des fédérations ainsi que les instances confédérales.

Le positionnement irresponsable et indigne d’une CGT qui fait reposer des décisions syndicales sur celles de la justice patriarcale. On ne peut pas protéger les camarades en s’en remettant à une justice qui condamne moins de 1% des viols dans ce pays.

L’absence d’un soutien inconditionnel de l’ensemble de la CGT aux victimes qui osent se déclarer et sortir de l’isolement dans lequel elles sont enfermées.

La double peine qui leur est ainsi infligée, obligées de militer sous la menace de représailles exercées en toute impunité ou de renoncer à leur engagement syndical.

La minimisation des violences sexistes et sexuelles vécues par les camarades au sein de la CGT ; une insulte sexiste ou homophobe n’est pas moins violente parce qu’elle est prononcée dans un cadre militant.

La dévalorisation de la parole des victimes au sein de notre organisation ; l’idée qu’il s’agirait d’une parole contre une autre, sans tenir compte des rapports de domination organisés par le système patriarcal et sans tenir compte du faisceau d’indices souvent laissé par les agresseurs.

L’inversion de la culpabilité trop souvent pratiquée au sein de la CGT ; l’idée qu’il vaudrait mieux ne pas faire de bruit, quitte à favoriser l’impunité des agresseurs, plutôt que de mettre en lumière et dénoncer les violences sexistes et sexuelles. Non, les femmes qui révèlent les violences dont elles ont été victimes ne mettent pas en danger notre organisation syndicale. Les agresseurs et l’organisation qui les couvre, oui.

La hiérarchisation des luttes qui remet toujours à plus tard les actions féministes, et les camarades qui manquent (notamment les hommes) dans les cortèges les 8 mars et 25 novembre.

Les camarades engagés dans la destruction des idées et actions féministes dans la CGT ou simplement passifs face à ces violences.

L’omerta sur les violences sexistes et sexuelles et l’absence de cadre protecteur au sein de notre organisation, dont nous savons qu’elles empêchent des voix similaires à la nôtre de s’exprimer librement.

La prévention des violences sexistes et sexuelles à tous les niveaux de l’organisation :

® Former les camarades dès leur syndicalisation et tout au long du parcours syndical (modules à intégrer à l’ensemble des formations CGT).

® Former des formateurs et formatrices permettant de déployer nationalement une formation à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

® Faire du suivi d’une formation à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles un prérequis obligatoire et sans exception à toute candidature à un mandat national. Il n’est pas entendable d’avoir ce niveau de responsabilité à la CGT sans avoir été formé·e.

® Communiquer massivement au niveau confédéral (par exemple sur le site www.egalite-professionnelle.cgt.fr, via Ensemble ou toute autre publication confédérale à destination des syndiqué·es), sur les moyens mis en place pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et leurs résultats.

® Tenir un registre des agresseurs consultable par une liste restreinte de camarades en vue de contrôler les candidatures aux responsabilités à tous les niveaux de la CGT.

Le soutien inconditionnel et la protection totale des victimes

® Croire les victimes.

® Assurer l’accompagnement et la protection des victimes et des témoins.

® Soutenir financièrement les victimes via l’aide à la prise en charge des frais de suivi médical ainsi que des frais de justice.

® Renforcer les moyens de la cellule de veille confédérale.

 La réaction immédiate de toute l’organisation dans l’arrêt des violences dénoncées

® Suspendre immédiatement tous les mandats syndicaux des agresseurs, à tous les niveaux de l’organisation, le temps nécessaire à la prise d’une décision définitive.

® Communiquer les préconisations de la cellule de veille dans chaque organisation concernée afin que les camarades ne soient pas abandonné·es à la désinformation produite et diffusée par les réseaux de soutien des agresseurs, aux articles de presse, aux réseaux sociaux ou aux communiqués de presse. Organiser la réparation des collectifs syndicaux suite à des cas de violences.

 La sanction des agresseurs

® Démandater les camarades ayant commis des violences à tous les niveaux : syndicat, unions, fédérations et confédéral.

® Exclure les agresseurs de la CGT dès lors qu’il y a suspicion de mise en danger des camarades.

® Désaffilier les syndicats qui protègeraient des agresseurs.

 ENSEMBLE, organisons le débat et exigeons de la CGT un positionnement fort et sans ambiguïté lors du 53ème congrès confédéral qui se tiendra du 27 au 31 mars 2023 à Clermont-Ferrand.

 Camarade, nous te proposons trois actions :

Mets au vote, dans ton syndicat, un ou plusieurs amendements au document d’orientation du prochain congrès confédéral reprenant tout ou partie des revendications portées
Partage ce document à un maximum de camarades au-delà de ton syndicat afin que ce débat soit porté le plus largement possible au sein de la CGT.
Remplis ce lien https://framaforms.org/prise-de-con... si tu souhaites être tenu·e informé·e des suites de cette initiative

A LA CGT COMME AILLEURS, LA PEUR DOIT CHANGER DE CAMP

 

 

Débats du 53° congrès

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    1er avril 2023
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