vendredi 31 mars 2023
Pendant que les délégués finissent de s’installer et alors qu’une certaine fatigue se fait visible, la tribune égrène la liste des invités présents en cette journée. Les applaudissements mollassons se réveillent curieusement pour saluer Clémentine Autain, député LFI.
Il est ensuite annoncé que le CCN réuni toute la nuit a accouché d’une liste pour la CEC. Par mandats, cette liste a été validée à 54% contre 45%. Par organisations le vote est de 11 fédés et 60 UD pour ; 17 fédés et 24 UD contre. Une nouvelle réunion aura lieu ce soir pour valider le bureau et un.e secrétaire générale plus un ou une administrateur. Tout le monde sait que ni Mateu (Ud 13) ni Lépine (fédé chimie) ne sont dans la liste. Le débat est annoncé pour l’après-midi et la salle ne bronche pas.
Le débat sur le thème 2 reprend avec l’examen d’amendements non intégrés et maintenus par les délégués. Sont ainsi intégrés un amendement précisant la charge mentale comme critère de pénibilité dans les métiers du soin ; la revendication de droits syndicaux pour les précaires et intermittents ; la mise à disposition de plus de moyens humains pour les comités de privés d’emploi ou encore l’injonction faite aux syndicats de déléguer un militant au moins dans les UL.
Par leurs votes, les congressistes rejettent la carte syndicale permanente, mal définie au demeurant dans le document d’orientation, et ce même à titre d’expérimentation pour les structures qui l’auraient souhaité. Ils rejettent aussi une proposition d’un délégué de graver dans le marbre la syndicalisation des lycéens/étudiants salariés et apprentis qui restent donc des expérimentations reconnues comme telles d’ici au 54° congrès. L’accès à la base Cogitiel pour les comités de privés d’emploi est votée contre l’avis du bureau.
Mais l’évènement de la matinée sera l’intervention d’une syndicaliste iranienne en exil. Après avoir décrit la situation dans son pays, elle s’attaque clairement et longuement à la « Maison des travailleurs en Iran » dont elle décrit le rôle de syndicat officiel au service de la dictature capitaliste et théocratique. Et dont le président est aussi vice-président de la FSM… Elle en profite pour évoquer le rôle de béquilles de dictatures d’autres syndicats de la FSM. Longue ovation pour soutenir la lutte des femmes et des peuples d’Iran ! Même les blocs de délégués des fédérations pro-FSM finissent par se lever pour l’applaudir.
Au final le thème 2 est adopté par les congressistes avec 70% de pour et 30% contre.
La présentation du thème 3 (structures et fonctionnement) en appelle à la nature révolutionnaire de la CGT (?).
Concernant la CSI, il est précisé que la CGT y mène bataille par exemple pour combattre les orientations du syndicat israelien « Histadrut » et son soutien au colonialisme de l’Etat d’Israel ; et permettre l’affiliation à la CSI du syndicat combatif regroupant travailleurs juifs et arabes d’Israel le « Koach la Ovdim ».
Si le rapport revient longuement sur les pratiques unitaires de la CGT, vis-à-vis des autres syndicats et associations, la lecture attentive du texte amendé en commission dévoile la disparition des sigles « Plus jamais ça » ; « FSU » ; « Solidaires » pour s’en tenir à des généralités de principe.
Pour autant cela ne suffit pas aux plus sectaires : Un cheminot de Bordeaux dit que Sud-Rail « s’acoquine » avec les patrons. Moins caricaturaux, d’autres justifient l’existence de syndicats différents par le fait que seule la CGT proposerait un syndicalisme révolutionnaire. Mais tous profitent de la tribune pour défendre, hors sujet, la candidature de Mateu ! Heureusement d’autres orateurs évoquent diverses mobilisations où l’unité a permis de gagner.
Médaille d’or ce jour au délégué de la centrale à charbon de Gardanne (13) qui nous promet que ce n’est pas le charbon qui pollue mais le capitalisme !!! Soyons clairs sur ce sujet : il est bien naturel que les travailleurs défendent leur emploi, leur gagne-pain, dans toute situation. Dans le capitalisme et malgré le rapport de force déployé, c’est le patron qui reste maître des process de production et des productions. Nous ne faisons pas griefs aux salariés des activités les plus polluantes, criminelles ou juste inutiles. Il n’est en revanche pas acceptable de tenter de les justifier et encore moins d’en faire une stratégie pertinente !
Le débat sur les amendements non-intégrés en commission permet l’intégration en séance de la revendication de CHSCT spécifiques aux petites entreprises et un ajout en faveur des blocages complémentaires aux grèves.
Dans une grande confusion, un amendement pour quitter « PJC », pratiquement impossible puisque « PJC » est déjà retiré du document amendé, est voté à 50,3% contre 49,7%. Vote symbolique de ce congrès !
En revanche les pro-FSM qui suggèrent prudemment de « chercher des rapprochements » avec la FSM sont balayés : 72% contre l’amendement.
Au final le thème 3 est adopté par 71% des mandats contre 28%. Et le document d’orientation, dans sa globalité à 72% contre 27%.
Alors qu’il est annoncé que la liste pour la CEC est élue dans sa totalité et qu’aucun nom ajouté n’atteint les 50%, le débat s’engage, confus et largement déserté, sur la motion d’actualité. Dans sa version d’origine, elle très faible sur la grève générale, silencieuse sur la « médiation » et muette sur l’unité. Intégrant 16 amendements, elle se muscle davantage : évoquant grèves, blocages, reconduction et AG, elle repousse l’idée de la « médiation » et la recherche d’un compromis avec Macron sur les 64 ans. Elle dénonce la répression et les réquisitions de grévistes. Elle reste en revanche dans l’auto-proclamation de la CGT, appelant les « salariés à s’engager dans les luttes proposées, menées et organisées par la CGT ». Une CGT arrogante et isolée, donc !!! Mais un texte voté à 90%.
Il est 23 heures. Les congressistes peuvent se coucher mais la nuit des longs couteaux commence pour les élus à la CEC et les membres du CCN. Il est 8h 30 ce vendredi et nous n’avons toujours pas de secrétaire général.e.