mardi 16 octobre 2018
Six fédérations et UD (Fédé de la Chimie, les UD du Nord, du Val-de-Marne, de Paris, des Bouches du Rhône et la Région Centre) avaient réagit fortement en faisant circuler des déclarations contre le courrier unitaire (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC) qui s’adressait aux syndicats patronaux (Medef, CPME et U2P) pour demander l’ouverture de négociations tous terrains.
Les critiques posaient des questions multiples : du refus de principe à signer avec la CFDT en passant par l’absence de contenu revendicatif, de l’absence de rapport de force construit avant la négociation jusqu’au rappel des militants sous pression depuis les grèves du printemps en particulier à la SNCF et à EDF. Enfin les six organisations pointent cette affirmation contenue dans le courrier unitaire :
« Nos organisations syndicales sont très attachées au dialogue social et à la négociation collective interprofessionnelle entre les interlocuteurs sociaux, facteurs de progrès social au bénéfice tant des salariés que des entreprises »
Certes « négociation collective » vient compenser « dialogue social ». Mais comment accepter de signer que le progrès social pourrait profiter en même temps aux salariés qu’aux entreprises ! Car derrière le terme neutre d’entreprises il faut entendre patronat. Et dans la lutte quotidienne entre patronat et salariat pour le partage de la plus-value il y a forcément un gagnant et un perdant.
Dans un courrier de réponse aux six organisations invitées à poursuivre le débat lors du prochain CCN (et de fait jusqu’au congrès de mai prochain) le Bureau Confédéral oublie de répondre sur ce point précis pour s’en tenir à des généralités sur le lien négociation/mobilisation et sur l’importance de l’unité. Et au passage il valide l’emploi du terme « dialogue social » avec cette phrase :
« Oui, il nous faut le réaffirmer, le dialogue social est bénéfique aux salariés, si tant est qu’ils soient associés à l’ensemble du processus qui le constitue »
Or ce concept fumeux de dialogue masque l’offensive idéologique qui veut faire disparaitre la réalité de la lutte des classe au profit d’un dialogue entre « partenaires sociaux ». Et c’est tout l’enjeu politique du débat. Il est évident que pour réussir une démarche unitaire, pour obtenir l’ouverture de négociations, dans le cadre de négociations en position de faiblesse nous pouvons tous avoir écrit des formules éloignées de la brutalité de la lutte des classes pour des raisons tactiques. Avant la grande grève générale expropriatrice, nous sommes tous confrontés à la gestion de modestes victoires et de petites défaites et aux postures inconfortables d’avoir à négocier sans le rapport de force suffisant. Mais les justifier et les théoriser est une toute autre affaire dans le cadre d’un débat interne à la CGT !